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À l’origine était la Ghlila

Le costume citadin algérois a subi de multiples transformations pour s’adapter aux différentes circonstances de l’époque. L’un des changements majeurs se déroula entre le 14ème et le 17ème siècle, causé par les flux migratoires des musulmans d’Andalousie, à l’origine de nouvelles techniques de tissage, de coupes de vêtements, de broderies au fil d’or et de soie qui apparurent sous l’influence des artisans immigrés.

Une partie non moins importante du costume féminin de l’époque est une pièce appelée Ghlila, terme dérivé de l’arabe Ghilala, habit dit décolleté à la levantine (venant de l’orient), qui était considéré comme un vêtement quotidien de l’élite algéroise alors que le caftan était réservé en ces temps aux cérémonies.

Ce vêtement devint accessible à la classe moyenne au 17ème siècle, il atteint la hauteur du mollet et est agrémenté d’une ceinture en soie. Les manches s’arrêtent au niveau du coude. Il est coupé dans des matières telles que le brocart ou le velours et est richement décoré de broderie et de passementerie au fil d’or.

Au 19ème siècle, ce costume a à nouveau connu quelques modifications puisqu’il y a eu deux variantes : La pièce de décolleté à petites manches, dont la longueur est revue pour s’arrêter à la hauteur des hanches, retenu par un unique bouton au niveau de la poitrine et la seconde variante, dite d’hiver, avec manches, nommée Ghlila Djabadouli. Le vêtement se porte ainsi avec une chemise et un sarouel en satin de soie arrivant au-dessous des genoux.

La ghlila telle que décrite plus haut est reprise par Eugène Delacroix dans son célèbre tableau « Femmes d’Alger dans leur appartement ».

Puis, avec l’occupation française en 1830, et le départ d’une partie de l’élite algéroise et de certains artisans, le code de l’apparence change et on note un appauvrissement en matière de soieries et de broderies aux fils d’or de la garde-robe algéroise. La ghlila se raréfie pour devenir un costume de cérémonie.

Sous l’influence de la veste européenne, la ghlila se transforme en ce qu’on appelle aujourd’hui le Caraco qui apparaît au 19ème siècle. Le costume se cintre à la taille, prend un col et se boutonne de haut en bas mais conserve les mêmes broderies linéaires aux motifs géométriques et végétaux.

Par la suite, dans les années 30, la veste Caraco n’est taillée que dans des velours sombres pour remplacer le brocart car le velours est moins coûteux et assez résistant. Le costume voit les broderies s’alléger et se simplifier pour ressembler davantage à ce que l’on peut retrouver aujourd’hui.

Pour en savoir davantage sur les influences du costume algérois, je vous conseille la lecture du livre « Paraître et apparences en Europe Occidentale du moyen âge à nos jours », disponible sur Google books, où un chapitre y est réservé.

Écrit par vinyculture

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One Comment

  1. L’autre Ghlila, également liée au patrimoine algérois, c’est cette plante grimpante, décorative et odorante. Ses fleurs en grappe, d’un dégradé violacé-jaune-blanc, en forme de ressort, ornaient les devantures des maisons.

    Moins connue que le jasmin car moins présente, sûrement du fait de sa fragilité : son entretien et sont maintien en vie nécessitant beaucoup plus d’efforts.

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