La saga Assassin’s Creed est non seulement la poule aux oeufs d’or d’Ubisoft en termes financiers, mais aussi l’un des récits vidéo ludiques les plus travaillés et les plus complexes qu’il nous ait été donné d’expérimenter ces dix dernières années. Retour sur une histoire passionnante en vue d’une adaptation cinématographique qui s’annonce ambitieuse.
A noter que ce dossier ne traitera pas d’éléments en rapport avec la jouabilité, les graphismes ou tout autre aspect des jeux vidéo, mais seulement du récit et des ses personnages afin de vous familiariser avec l’univers.
Contexte du récit
L’histoire d’Assassin’s Creed joue avec plusieurs concepts très intéressants: le rapport temporel entre deux époques en premier lieu et tout ce que cela implique de répétitivité dans l’erreur humaine. L’héritage et l’unité dans tout sa splendeur. Car dans cet univers, on incarne avant tout un personnage dans le présent (Desmond Miles) qui est transporté dans la peau de l’un de ses ancêtres à travers un lecteur de mémoire génétique nommé l’Animus. Dans ces expériences du passé, le but serait à première vue de trouver des artefacts convoités par l’un ou l’autre des deux camps se livrant bataille. Les assassins et les templiers.
Ces deux factions, qui sont au centre de l’intrigue à toute époque évoquée, partagent un but commun mais diffèrent dans leurs méthodes respectives. Pour les assassins que le joueur incarne, il s’agit avant tout de liberté, d’honneur et d’action. Tandis que les templiers, dont le background se base essentiellement sur des théories conspirationnistes contemporaines, cherchent le contrôle pour arriver à l’évolution. Cet aspect, qui est malheureusement exposé trop subtilement dans les jeux vidéo pour donner plus de place à des phases d’assassinats et/ou d’exploration, est pourtant l’essence même de la saga sur lequel devrait se baser essentiellement le long-métrage.
Le combat entre assassins et templiers ne représente pas seulement un combat idéologique mais met aussi en exergue une continuité d’idées, qui perdure à travers le temps et dont l’analogie avec notre monde avec notre monde actuel est évidente. C’est ainsi qu’Ubisoft arrive par exemple à tacler certains systèmes ou gouvernements à travers une histoire construite de main de maître et ficelée de bout en bout (du moins dans les premiers opus) avec différents éléments cachés qui sont bien plus évocateurs que d’autres.
Personnages
Mais si le contexte principal de l’histoire donne une densité nécessaire au récit et à l’avancement des ambitions scénaristiques, il s’agit avant tout de vivre ce récit de façon concrète et cela n’aurait clairement pas été possible sans l’arrivée de personnages plus charismatiques les uns que les autres à travers les opus. Ces personnages aux différents liens moraux ou de sang, partagent une destinée et donnent une consistance à l’histoire, la rendent plus attachante et plus humaine. Chacun d’eux, que ce soit au présent ou dans le passé, profite d’une caractérisation à toute épreuve. L’immersion du joueur est accrue par exemple avec l’arrivée d’Ezio Auditore, auquel il a été donné l’occasion de suivre tout le parcours, de sa naissance à ses derniers jours.
Ces personnages nous permettent en outre de comprendre le raisonnement et les fondements de la secte des Assassins. En alternant entre personnages initiés au début de l’histoire avec d’autres complètement impliqués comme Altaïr, il nous est proposé de voir différents points de vue à travers les opus, que ce soit personnel ou temporel, c’est-à-dire dans l’évolution de la secte. Les Assassins sont décrits comme étant impartiaux, radicaux mais justes. Tout est permis, à partir du moment où la vérité est mise en jeu et chacun des personnages nous le montre de façon particulière, donnant une densité nouvelle à ces principes à travers chacun des personnages qu’on découvre.
C’est d’ailleurs la mission principale que devra réussir le film, puisqu’en effet, les personnages présents dans ce dernier seront une création originale (même si les similitudes avec le premier opus sont visibles), recréer les mêmes sensations qu’a su susciter le jeu vidéo. Donner une consistance à ses personnages autant dans le présent que dans le passé, les caractériser et leur apporter une dimension nouvelle propre au support cinématographique. Aller dans le fan service pur et dur risquerait de causer beaucoup de troubles au film, comme cela a été le cas par le passé (Prince of Persia).
Le film
Il est intéressant de remarquer d’ailleurs que le film semble être une extension directe de l’univers du jeu vidéo. En effet, dans ce dernier il nous était possible d’explorer à chaque opus des destinations nouvelles, profitant chacune d’un background propre marié à la perfection au contexte du récit. En ce sens, l’inquisition espagnole, durant laquelle prennent lieu les événements du film, sera une époque inédite dans cet univers, la raison étant dû justement au fait que le studio voulait éviter une adaptation pure et dure qui risquerait de ne pas satisfaire les puristes.
Il n’est pas forcément nécessaire d’avoir joué aux neuf jeux principaux de la saga pour comprendre le propos du film, qui devrait réintroduire les principes fondamentaux pour les néophytes. Mais il est intéressant toutefois de prendre conscience de certains éléments qui seraient peut être cachés ou trop peu exposés dans le long-métrage. En effet, ce film aura lieu après le dernier opus en date, Assassin’s Creed Syndicate et ce, dans le but de prolonger l’histoire tout en donnant une introduction adéquate aux débutants à travers une réadaptation plutôt intelligente du premier opus sorti en 2007.
Ce qu’il faut savoir avant de voir le film
-Assassins et Templiers sont deux faces d’une même pièce et se livrent bataille, ce qui tend malheureusement à diaboliser les templiers au profit des héros de l’histoire, les Assassins. Les premiers prônent le libre-arbitre tandis que les seconds cherchent le contrôle. L’exploration de la mémoire génétique à travers l’Animus permet en effet la recherche d’artefacts anciens aidant chacun des deux camps à atteindre leurs buts.
-Le personnage principal, ainsi que les enjeux du récit, se trouvent dans le présent. L’exploration du passé n’a d’attrait réel qu’en second plan. L’équilibre entre les deux fait la force de la saga, force qui tend à disparaître avec les derniers opus qui ne donnaient plus aucune importance, ou presque, à ce qui se passe dans le présent.
-L’histoire des jeux vidéo est bien plus complexe que ne le sera le film. Donc pas de soucis à se faire pour la compréhension du tout, il n y aura ni entités divines ni aucun aspect trop poussé d’un point de vue scénaristique. C’est d’ailleurs pour cela que des éléments comme les artefacts ne sont pas plus expliqués ici.
Assassin’s Creed est une univers passionnant de part sa complexité, son contexte historique mais aussi ses personnages attachants. Passer devant un tel univers serait bien dommage, et le film se présente comme le point d’entrée idéal pour les amateurs, tout comme les fans de toujours qui auront droit à leur dose cette année en l’absence de nouvel opus.
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