Une attente de près de trois ans nous aura séparé de cette soirée, le combat d’un dieu contre un homme était annoncé comme le film de la décennie. Et alors que les critiques presses démontent le film aux quatre coins du monde, on a aussi notre mot à dire.
D’une façon générale
Après le controversé Man of Steel, il fallait forcément se rattraper pour les détracteurs et satisfaire encore les amoureux. Dans cette optique, la réalisation du film se veut aussi violente que celle de son prédécesseur et se différencie de part sa richesse qui fait qu’on sent le changement de ton et de gestion quand il s’agit des multiples personnages. Zack Snyder voulait clairement faire parler des images pour représenter ces deux icônes à travers des plans en largeur pour illustrer la grandeur de Superman et d’autres plus rapprochés en ce qui concerne Batman.
Pour ce qui est du casting, il n y a rien à redire. L’ensemble s’en sort avec les honneurs, à commencer par Ben Affleck qui campe le rôle d’un Batman désabusé et paranoïaque à souhait. Les inspirations pour le rôle qu’il joue sont nombreuses mais ne se réfèrent sûrement pas à la trilogie Nolan et Christian Bale qui sont à des années lumière de ce qu’on a ici. Henry Cavill de son côté est plus à l’aise que jamais dans son rôle qui est densifié à travers des questionnements bienvenus sur sa place dans le monde. Jeremy Irons de son côté est l’acteur secondaire qui tire le plus son épingle du jeu à côté d’une Amy Adams ennuyante et inutile et d’un Jesse Eisenberg… Jokeresque.
Ce dernier est d’ailleurs au centre du scénario, ce qui était prévisible. Mais ce qui est étrange, c’est que son plan semble aussi absurde que sa coupe de cheveux, le jeune milliardaire utilise des moyens trop grands pour lui simplement pour arriver à un résultat que son homologue des comics a atteint qu’avec son intellect. A l’image du film d’ailleurs, qui peine à avoir l’air maîtrisé à défaut d’être mature; tout le scénario est trop appuyé et abusivement exposé malgré des personnages et des motivations crédibles et ce à travers des éléments politiques, divins ou philosophiques selon les besoins. Un scénario loin d’être aidé par un montage limite décousu aux plans se succédant trop rapidement.
La faute bien évidemment à une densité de personnages et d’événements incroyable qui aurait mieux fait d’être diluée sur la première heure du film qui pose des éléments pas spécialement intéressants. Le tout tourne toujours autour de la folie du Joker… Euh Lex Luthor, à l’interprétation différente, très différente de ce qu’on connait du personnage.
On nous a menti mes amis
En outre, BvS n’est pas ce qu’il prétend être. En effet, le combat final entre Batman et Superman n’est qu’anecdotique voire dérisoire même si on prend du plaisir à voir ces deux icônes se foutre dans la gueule, on a du mal à concevoir que tout ce florilège d’événements précédant le combat ne serve qu’à conclure un duel de cinq minutes à peine bourré de références aux comics. Et c’est là le plus gros défaut du film, introduire des éléments seulement pour justifier le titre. Que ce soit la partie Batman v Superman citée plus haut ou bien Dawn of Justice qui est clairement la grosse rigolade ici.
La production a cru justifier les attentes par rapport au film par une immense bande annonce à Justice League, qui est prévu pour l’année prochaine. Les nombreux caméos et “visions” n’aident en rien la structure narrative même si pour le fanboy l’élément de surprise est là. Wonder Woman d’ailleurs, qui a causé nombre d’applaudissements à sa première apparition, est l’élément qui représente le mieux la force et la fragilité du film. C’est un personnage fort et extrêmement excitant à voir à l’écran, mais qui est surexposé inutilement durant tout le film pour n’être réellement vu que durant un bref laps de temps.
En gros, est-ce qu’il est bon?
Batman v Superman : Dawn of Justice porte mal son nom. C’est probablement le constat le plus facile à faire à la fin du film puisque la promotion et le titre en lui même se sont enjoués de vanter la partie “duel” du long métrage, avec un sous-titre surexposé qui renvoie forcément à un manque de maîtrise ou peut être un surplus de contrôle. Est-ce pour autant un mauvais film? Sûrement pas, mais il n’en est pas pour autant celui que tout le monde attendait.
Zack Snyder a dû faire des choix durant la production c’est clair, et ces choix peuvent tantôt s’avérer judicieux, tantôt se retourner contre la structure du film en elle-même. Car le film pâtit de nombre de défauts qui lui donnent cet aspect de marionnette désarticulée, une belle marionnette. Si le premier morceau esquisse le plan général en introduisant les personnages et que le deuxième rigidifie le tout, la troisième partie du film se présente comme un boulet de canon qui fait détoner l’ensemble, ce qui est jouissif, mais cause en même temps sa perte.
En définitif, cette critique fait son boulot, analyser le film et poser les bons et les (nombreux) mauvais points. Mais le plus étrange, c’est de voir que malgré tout le mal qu’on peut dire du film, l’expérience n’est jamais gâchée. Les moments forts émotionnellement ainsi que les scènes d’action dantesques noient ce sac de défauts dans un marécage de frissons.
Conclusion
Batman v Superman : Dawn of Justice est un film qui s’apprécie, qui se vit. Riche en émotions ainsi que scénaristiquement mais confus et démembré dans sa construction. La hâte du réalisateur, ou peut être ses trop grandes précautions, en font un film fragile. Pour résumer, il s’agit d’un film à voir, pas à analyser.
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