Pour faire simple, Marvel Studios a signé un contrat avec Netflix pour diffuser et gérer des séries de héros Marvel se déroulant dans le même univers que celui d’Avengers. Les séries prévues sont pour l’instant Daredevil, AKA Jessica Jones, Luke Cage, Iron Fist et enfin The Defenders, sorte d’Avengers bis dans lequel les quatre héros cités seront réunis. Marvel’s Daredevil est disponible depuis le 10 avril, autant donc en parler.
L’âme
La série en 13 épisodes suit le quotidien de Matthew Murdock, avocat et justicier masqué. La particularité du héros est bien évidemment le fait qu’il soit aveugle suite à l’exposition de ses yeux à des produits chimiques quand il était enfant. Dès le premier épisode, tout est donné, son passé, ses capacités, ses virés nocturnes, sa religion, son emploi, il est donc très difficile de ne pas s’adapter au personnage rapidement, car à défaut d’être attachant, Matt est un personnage passionnant de part son traitement. Mais ce qui trouble avant tout, c’est l’ambiance sombre et réaliste de la série, des mots qui reviendront souvent dans cet article, puisque c’est ceux qui définissent le mieux la série.
En effet, la première saison présente un personnage torturé et blessé qui ne manque pourtant jamais de conviction quant à sa cause, Charlie Cox joue un Daredevil jeune, inexpérimenté, impétueux mais surtout agile, puissant, furtif et violent qui ne s’arrête devant rien pour arriver à ses fins. C’est sa détermination et sa force morale qui font de lui ce qu’il est, traits hérités d’ailleurs de son père qui était boxeur; la série s’attarde sur leur relation à travers des flashbacks toujours bienvenus et qui s’adaptent à merveille au récit dans le présent. L’acteur joue donc entre ses deux alias, fait nouveau dans le Marvel Cinematic Universe puisque Daredevil est le premier héros introduit avec une identité secrète.
Mais Matt Murdock ne serait rien sans son entourage, la série met aussi en avant sa relation avec ses proches et celle entretenue entre les-dits proches. Les personnages secondaires ne font pas office de figurants, leur importance est même primordiale dans l’intrigue générale de la série, et même si l’accent est peut-être trop donné sur eux afin de leur donner l’importance qu’ils méritent, cela ne gêne nullement le développement du héros et de sa nemesis, Wilson Fisk, alias le Caïd, interprété par un Vincent D’Onofrio magistral de fragilité et de férocité. L’ambiance est donc réellement travaillée à travers les personnages mais aussi les décors et les enjeux. L’immersion est totale grâce à des personnages attachants et réellement intéressants (malgré quelques fausses notes mineures). Les dialogues sont d’ailleurs d’un très haut niveau offrant de superbes moments de complicité et d’humanisation de ses personnages.
Le corps
La série se déroule, comme dit plus haut, dans le même univers qu’Avengers, et si on aurait pu penser que les références à Iron Man et autre Captain America seraient légion, il n’en est rien et c’est ce qui fait réellement la force de la série, son indépendance. Quelques petits liens sont instaurés afin de donner des repères au spectateur certes, mais mis-à-part cela, la série se démarque du reste de l’univers à travers plusieurs éléments. Le premier étant son réalisme, on a quelques fois du mal à imaginer que tout ça se passe à quelques kilomètres de Hulk, il n y a que très peu d’éléments extraordinaires, en dehors de l’aveugle qui saute de toit en toit bien-sûr. Les pouvoirs du héros sont mis en évidence de façon naturelle et continue, on y croit et c’est l’essentiel. D’autant plus que le respect du personnage sur ce point est encore plus important que le film en 2003 avec Ben Affleck dans le rôle titre.
En deuxième lieu, la violence que présente la série et l’ambiance sombre, peut-être trop sombre par moments. Les personnages sont violents, puissants et les combats ne manquent pas de le faire remarquer. Ces derniers présentent des chorégraphies d’une rare maîtrise, les mouvements du héros sont délicieux tandis que la violence qui en résulte est carrément abominable. Certains pourraient même en être choqués, il ne s’agit pas seulement de quelques coups de poing, sans trop en dire, il y a plus de sang dans le premier épisode que dans la première phase Marvel entière et même des morceaux de cervelles tout moelleux. La série sur ce point, et tant d’autres, connait donc son chemin, tout est contrôlé jusqu’au moindre détail pour ne laisser aucune place aux incohérences ou aux influences multiples dérivant de l’univers Marvel, elle est indépendante et se suffit à elle même tout en faisant partie d’un tout plus grand.
Il y a aussi la mise en scène, que ce soit des pouvoirs, des combats ou bien des scènes de dialogues. Il ne s’agit jamais d’un formatage classique, tout est pensé pour donner une beauté particulière à l’image contribuant par la même à l’ambiance si particulière de la série. La réalisation est léchée et prouve le savoir faire de Marvel Studios avec un peu plus d’implication dans ses productions, le format ici prouve d’ailleurs son efficacité puisque aucun personnage Marvel n’a eu droit à autant de temps pour être traité. D’autant plus que le huit-clos à ciel ouvert que représente le quartier de Hell’s Kitchen est le terrain de jeu idéal pour le héros et la présence inquiétante du vilain. La série ne succombe jamais aux codes du genre super héroïque.
Conclusion
En définitif, Marvel’s Daredevil est une série à voir, et pas seulement parce que c’est fait par Marvel et Netflix ou bien pour ses bons personnages, son ambiance, sa violence, son réalisme, sa mise en scène… Non, en fait seulement pour ça, parce qu’il ne faut pas plus pour apprécier. Et si vous n’êtes pas convaincus, sachez que sur internet, on dit déjà que Marvel’s Daredevil est ce qu’aurait été la trilogie Dark Knight avec plus de développement, et ce que rêverait d’être Arrow.
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