The Imitation Game est un film biographique qui nous introduit à la vie d’Alan Turing, célèbre mathématicien et cryptologue britannique. Réalisé par Morten Tyldum, dont le nom revient sur peu d’affiches, bien que le travail fait sur The Imitation Game nous laisse pressentir un certain talent.
Cette oeuvre simple met en scène Alan Turing, mathématicien à qui le gouvernement demande de décrypter la machine nazie Enigma, réputée inviolable, durant la seconde guerre mondiale. Déchiffrer cette machine est une tâche de haute importance puisque par le biais de celle-ci, les Alliés pourraient intercepter des messages codés allemands, les décrypter et les utiliser afin de gagner la guerre.
Personnages:
Le film se centre bien évidemment sur Alan Turing, merveilleusement bien interprété par Benedict Cumberbatch. Un personnage principal assez cru, asocial que l’on jugerait même arrogant au début de film. Néanmoins, on découvre un personnage déterminé, humain et attendrissant par moment bien que solitaire, c’est aussi un personnage que l’on comprend mieux quand le film nous renvoie à sa jeunesse. On commence à entrevoir les chaînes que le passé fait porter à Turing, avec lequel on se familiarise malgré sa singularité. Un héros fascinant qui a tout d’un génie.
Le décryptage de Enigma se faisant par toute une équipe de mathématiciens, l’écran laisse place, bien que peu, à des collègues de Turing, à l’image de Hugh Alexander (Matthew Goode) et Joan Clarke (Keira Knightley), qui jouent des rôles qui passent presque inaperçus devant Turing mais qui font tout de même leur effet. Joan Clarke vient contraster parfaitement avec Turing, de par son amabilité et sa légèreté, un personnage qui égaie l’ensemble.
Hormis Turing, les facettes d’autres rôles ne sont pas vraiment bien développés, bien qu’ils gardent leur charisme et montrent les justes émotions à travers l’histoire que narre le film.
Réalisation:
La réalisation du film est presque irréprochable. Elle reste classique voire académique mais arrive à faire du film une perle.
Avec une intrigue qui se déroule essentiellement en Grande-Bretagne durant la seconde guerre mondiale, la réalisation réussit le pari de nous plonger dans cette période de l’Histoire vue et revue, sans pour autant nous lasser.
Suivant l’équipe de Turing dans ses recherches à Bletchley Park dans la campagne anglaise, l’histoire ne nous confronte pas directement au drame de la guerre, les protagonistes en sont d’ailleurs isolés dans leur mission mais le film ne manque pas de nous rappeler cette réalité en mêlant les scènes autour de Turing et sa tâche à des coupures d’images d’archives et des séquences de guerre. Le film prend un ton très réaliste en laissant l’horreur de la guerre s’insinuer dans les images. Avec le décryptage d’Enigma et l’effort de la réalisation pour nous rapprocher du fléau de la guerre, le spectateur s’immerge dans le passé. Même si les héros nous retirent des champs de batailles, on découvre à leurs côtés une face cachée du conflit et des secrets qui ont été gardés tels quels durant 50 ans.
On revoit tout au long du scénario -au moyen de flashbacks- la vie de Turing qui est divisée en 3 étapes, à savoir sa jeunesse, son rôle durant la seconde guerre mondiale et ce qu’il advient de lui après la fin de la guerre. Le début du film reste un peu flou quant au vécu du personnage et commence l’histoire après son expérience à Bletchley Park.
Les scènes se mélangent ensuite entre sa jeunesse et son travail sur Enigma, des coupures de sa vie qui commencent à prendre toute leur cohérence à mi-film. Chaque scène en explique une autre ou éclaircie un aspect de la personnalité de Turing et c’est ce qui donne toute sa crédibilité au choix de narration.
Le film réussit bien la montée de tension qu’il place autour de la machine de Turing. qui a dans ses rouages des milliers de vies en jeu.
Le but de la mission reposant entre les mains de Turing et de sa machine, s’y ajoute le mystère qui plane autour de Enigma et de son encodage, cela accentue l’intrigue qui est posée dès le début du film et la base beaucoup autour de “Christopher”, cet engin qui doit changer le cours de la guerre, ce qui ne semble poser aucun problème puisque le stress est palpable et bien géré.
The Imitatoin Game relate la vie d’un mathématicien et se focalise beaucoup sur son parcours professionnel, mais il n’oublie pas de nous donner des scènes qui forcent l’émotion avec un mélange de prises angoissantes, attendrissantes et décisives. Une œuvre chargée en émotions tout au long de son déroulement et ce, malgré la rigidité des sujets qu’elle aborde.
La musique du film est réalisée par Alexandre Desplat, elle convient parfaitement à sa simplicité et s’accorde à son ambiance.
Thématiques:
The Imitation Game soulève des questions essentielles, qu’elles soient sociales ou morales, et étudie bien des thèmes, ce qui en fait une réussite de plus.
Les mœurs de la société de l’époque est un thème vivement présent que l’on vit au travers de deux personnages: Alan Turing et Joan Clarke. Ces personnages évoluent tout au long du film en dépit d’une nature qui vient souvent leur mettre des bâtons dans les roues. Un élément qui les rend manipulables et/ou les fragilise aux yeux des autres. Un handicap qu’on ne sent que lorsque les autres personnages s’y confrontent mais qui n’empêche en rien l’ascension du héros, déterminé à résoudre la situation. Le mot “indécence” revient souvent dans le film et appuie sur cet aspect de la vie privée de Turing.
L’équipe de Turing fait face à un problème d’une envergure assez importante dès lors qu’elle a pour tâche de décoder Enigma afin de mettre fin à la guerre, leur faisant entamer une véritable course contre la montre. Un devoir qui engendre une bonne camaraderie et des choix parfois difficiles à prendre quand la vie de populations entières en dépend.
L’effort de réalisme:
Tiré d’une histoire vraie et reprenant la vie d’un grand mathématicien, le film se devait de se rapprocher au mieux de la réalité et c’est là que se cache les points forts et les défauts de l’œuvre.
L’effort est bien présent et se ressent, le tournage se fait sur les véritables lieux des événements pour Bletchley Park et l’ancienne école de Turing, et la machine que l’on voit à l’écran s’inspire de celle présente dans le musée de Bletchley Park, sans compter les images d’archives déjà citées. Le film prend son nom d’un article de Turing qui donnera par la suite son célèbre test (Turing Test), qui sert à déterminer si l’on s’adresse à une intelligence artificielle.
Mais il est clairement difficile de n’omettre aucun détail ou de tout citer en 114 minutes. C’est pourquoi le film fait quelques écarts au réalisme qu’il recherche tant. La vie de Turing n’est représentée qu’en partie et sa machine n’est pas assez expliquée. Pour un film qui a pour base la vie d’un mathématicien, la matière est assez absente, le fonctionnement de la machine est vague et les autres travaux de Turing sont oubliés. Cependant, on ne peut reprocher au film ces absences quand il cherche à rester accessible à tous, en familiarisant le public juste assez avec le monde des mathématiques et de la cryptographie pour favoriser l’immersion du spectateur.
Pour conclure le film est une réussite, il nous apprend l’histoire d’un mathématicien que peu connaissent, malgré le mérite qui lui est dû. C’est un film fort qui fascine et qui reflète bien l’intelligence d’Alan Turing.
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