La critique littéraire du jour revient avec le même auteur que la dernière en date, M. Éric-Emmanuel Schmitt. Si “Oscar et la dame rose” est à la base une pièce de théâtre, écrite au milieu de sa carrière (2002), “La secte des égoïstes” est sa toute première oeuvre, son premier roman en tant qu’auteur littéraire (1994). Du coup, ne vous étonnez pas de trouver un tout autre style cette fois-ci, un changement de registre qui va du côté métaphysique.
La philosophie est un monde aux courants arborescents, dont chaque branche est issue d’éminents penseurs qui développent des théories existentielles révolutionnaires. Vous connaissez sûrement les Socrate, les Parmenide, les Descartes ou encore les Nietzsche, mais connaissez-vous Gaspard Languenhaert ?
Ne savez-vous pas qui je suis ? Ne me reconnaissez-vous donc pas ?
Ne doutez-pas de vos connaissances si ce n’est pas le cas, car rares sont ceux qui en savent long sur ce philosophe de l’ombre, et pour cause : sa personne est l’objet de lourds secrets, doublée d’un destin aussi incroyable que tragique. Le récit prend la forme d’une enquête dans le cadre d’une thèse doctorante qui ne passionne pas vraiment son postulant. Puis, se développe en un essai philosophique sur le monde du palpable et de l’impalpable, de la matière et du sensible. D’ailleurs, saviez-vous que la matière n’est que le fruit de notre imagination ?
Le grand et désincarné Gaspard Languenhaert avait l’audace de voir le monde sous cette perspective.
L’auteur met clairement ce philosophe au centre de son livre, nous racontant son histoire à travers l’avancée du chercheur qui, petit à petit, est complètement happé par ce personnage et son monde. En parlant de cela, étiez-vous au courant que le monde ne tournait autour que d’une personne à la fois ?
On ne pense plus ce genre de choses aujourd’hui. Pourtant, c’est ce que clame encore une fois notre ami Gaspard, qui à force de réfléchir le monde, ne voit plus que son reflet dans ses contemporains. Et si la Raison était avec lui, ou inversement, l’avait abandonné ? Qui pour l’affirmer ? Qui pour le réfuter ? Dans tous les cas, la réponse se trouve dans le bouquin, vous pouvez en être certains.
Dans la critique de “Oscar et la dame rose”, nous vous rapportions un ton très léger, un style sans fioritures. Changement de cap, nous découvrons ici quasiment un nouvel auteur tant son style tranche radicalement, se calquant sur l’époque de son récit et lâchant le surfacique pour aller dans les limbes des profondeurs du sensible et du ressenti. Une plume qui sait donc se renouveler, ce qui témoigne du talent de M. Schmitt.
85 pages plus tard : Une belle virée philosophique qui manque de souffle vers sa conclusion.
“La secte des égoïstes” part d’un postulat métaphysique énoncé par un mystérieux philosophe, Gaspard Languenhaert, et le développe de manière concordante avec le récit de la vie du personnage qui n’est que l’empreint de sa propre philosophie. Si le cheminement est très appréciable, on regrettera néanmoins une fin extrêmement attendue, sans surprise ni double lecture, ce qui est dommageable pour ce type d’exercice. Cela étant dit, la lecture vaut largement le coup, l’oeuvre est très agréable, les idées fort inspirantes, et surtout, qui ne sait jamais demandé comment un égoïste parfait percevait le monde ?
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