Fort d’une renommée mondiale, Quentin Tarantino (Pulp Fiction, Kill Bill) s’était plutôt fait discret ces dernières années et nombre de ses fans s’accordaient pour dire qu’aucun de ses films n’atteindra jamais le succès de Pulp Fiction en 1994… Nombre de ses fans n’avaient pas encore vu Django Unchained.
L’histoire prend place en 1858 une époque marquée par le racisme et l’esclavagisme, époque que Tarantino va presser telle un fruit pour en tirer tout le jus tout comme il l’a fait avec la seconde guerre mondiale pour Inglorious Basterds. Qu’on se le dise, ce que raconte Tarantino dans son film n’est pas beau à voir, tout au long des 2h45 qui forment l’histoire, la vision de ces noirs mis à mal à coups de fouets et de tortures diverses et variées ne fait que renforcer l’idée que l’homme dans son appât du pouvoir était (est) radicalement loin de s’améliorer, heureusement pour le spectateur et pour cette critique, cet aspect philosophique de l’histoire n’est que mineur.
Avec son dernier film, Tarantino a mieux fait tout en conservant les bases de son art: ses dialogues plus longuets, sans intérêts et amusants les uns que les autres, ses gestes de caméras et surtout ses personnages toujours plus caricaturaux et ce, notamment, grâce à ses acteurs:
Jamie Foxx rentre dans son rôle tel un pied dans sa botte et nous pousse à nous demander pourquoi Tarantino ne l’avait jamais engagé pour l’un de ses précédents films tant son regard sérieux, son sourire (rare) et ses paroles correspondent tant au style du réalisateur, d’autant plus que l’acteur signe une interprétation courageuse, plutôt intelligente et incroyablement émouvante.
Christoph Waltz revient pour la deuxième fois sous les “ordres” de Tarantino après son incroyable prestation dans Inglorious Basters qui lui avait valu nombre de récompenses, le mélange de grâce de malice et de vivacité intello qu’il donne à son personnage font de lui la cerise sur le gros gateau que représente le long métrage, ce qui ne minimise nullement son rôle.
Leonardo Di Caprio quant à lui est tout simplement magistral dans ce rôle de grand propriétaire sudiste sadique et imprévisible; et si dans un premier temps le duo Foxx/Waltz le submerge légèrement, il ne tardera pas à s’imposer à l’écran tant son personnage arrogant et agaçant finira par redresser l’équilibre vis à vis des deux autres.
Samuel L. Jackson est sûrement celui qui s’en sort le mieux dans son rôle et qui en fait l’un des personnages les plus terrifiants et les plus intéressants du film: n’hésitant pas à piétiner sur ses semblables pour arriver à vivre avec sa position de moins que rien tout en la conservant et se rabaissant encore et encore.
Le scénario du film part d’une idée simple (Django veut sauver sa femme) et se répartit en trois parties bien distinctes que nous ne citerons pas ici pour éviter de trop spoiler, mais si Django n’est au début du film qu’un esclave illettré qui sait à peine ce que le mot “affirmer” veut dire, on voit son développement tout au long du film et on assiste à la naissance d’un héros de western tels qu’on les connait, les références au genre western spaghetti sont à ce propos légion.
D’un point de vue technique, comme dit plus haut, Tarantino garde les mêmes codes qui lui sont propres et durant le film il devient fréquent de voir les personnages être aspergés d’hémoglobine plus abondante d’une scène à l’autre et ce pour notre plus grand plaisir coupable, les plans sont d’une beauté à tomber par terre et les scènes où les personnages parlent pour ne rien dire sont tellement délicieuses qu’on en redemande; et même s’il développe sa palette, impossible de nier l’impact de son cinéma sur Django Unchained: il y a du Pulp Fiction, du Reservoir Dogs dans chacune de ses scènes.
La durée de 2h45 peut sembler effrayante mais force est de constater qu’à aucun moment Django Unchained ne sera ennuyeux ou lourd. Les plans défileront sans qu’on s’en aperçoive, le temps mis à disposition du réalisateur a donc été parfaitement exploité et équilibré, maintenir de l’art de cette envergure est un fait très rare du cinéma d’aujourd’hui.
Le film ne comportant pratiquement aucun défauts (et cet avis pourrait dépendre des goûts de chacun), il est difficile d’en dire plus de bien: les acteurs sont parfaits, les situations sont plus folles les unes que les autres et ont un charme fou, le scénario est simple et efficace, les scènes d’action et la violence qui en découle sont plus plaisantes les unes que les autres et le tout ne nous renvoi qu’à deux choses: voir de vieux western et surtout revoir le film.
Avec Django Unchained, Quentin Tarantino signe son deuxième chef d’œuvre. Un chef d’œuvre dont l’univers, l’époque et le style western sont de toute évidence le genre de prédilection du réalisateur de Pulp Fiction. Quentin Tarantino ne devrait pas faire plus de films que ça, il devrait plutôt s’atteler aux westerns purs et durs.
GIPHY App Key not set. Please check settings