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Edito : Priez pour notre culture !

Ces dernières semaines, des habitants de quelques villes du pays (Ouargla, Sidi Bel Abbès…) empêchent la tenue d’événements culturels pour protester contre des conditions de vie précaires. Une protestation compréhensible et qui a tout lieu d’être. La problématique se pose toutefois sur les méthodes.

Ainsi, en plus d’empêcher l’événement de se dérouler (un concert et un festival), certains des protestataires ont commencé à entamer une prière publique. Une situation qui a tôt fait de raviver des souvenirs encore bien présents dans la mémoire collective.

Si le fait de vouloir protester contre n’importe quel événement, culturel, sportif ou économique soit-il, est légitime et ce, afin d’alerter sur l’absence de bonnes conditions de vie (taux de chômage en hausse, crise du logement, manque de raccordement à l’eau ou à l’électricité…), il est dommage de constater que les réclamations actuelles ne touchent que les événements d’un seul type : les événements culturels.

Des manifestations économiques et sportives d’ampleur ont eu lieu dernièrement, à l’image des Jeux Africains de la Jeunesse, dont certaines ont fait exploser les budgets alloués. Durant l’année, les communes et wilayas ont également une enveloppe dédiée aux clubs locaux. Mais à aucun moment, ces dépenses n’ont été pointées du doigt. Seule la culture semble déranger.

Pourtant, on aurait tort de croire que la culture est un secteur bien loti. Avec 16 milliards de DA de budget annuel, il est l’un des plus faibles budgets ministériels du gouvernement depuis 3 ans, derrière les « budgets » de fonctionnement du Ministère de l’économie numérique, du tourisme et de l’environnement.

Que faire face à cette situation qui semble vouloir tirer profit d’un véritable ras-le-bol citoyen qui s’exprime maladroitement pour faire ressortir un intégrisme d’un autre temps ? La culture est-elle coupable de s’être trop longtemps résumée aux salons bourgeois des grandes villes ? Tant de questions qui suscitent des débats passionnés mais qui ne font qu’enterrer encore davantage toute envie de démocratisation de la culture.

Folklorisée par certains, marginalisée pour d’autres, la culture algérienne ou la culture en Algérie ne reste pas accessible à tous, malgré toutes les bonnes volontés. Que ce soit financièrement ou intellectuellement, la culture s’est placée du côté de l’élitisme tant de fois, avant de verser dans le populisme le reste du temps.

Comment expliquer que les événements organisés par le secteur public le soient avec si peu d’organisation. Là où nous aurions aimés voir un programme pour tous les goûts et toutes les bourses, nous nous retrouvons à devoir “apprécier” la même programmation d’année en année, sans changement de politique culturelle et surtout, avec une absence de politique culturelle criante.

Mais faut-il blâmer seulement la culture dans ce qui se déroule aujourd’hui ? La réponse n’est pas si simple. Ce parti-pris reviendrait à nier qu’un intégrisme aveugle et grandissant semble vouloir mettre fin à toute forme de réjouissance et d’ouverture sur le monde, comme il avait si bien pu le faire il y a 30 ans.

Nous devons nous demander, avant que les choses ne dégénèrent davantage, si nous devrions laisser la culture mourir ou passer dans des bras obscurantistes. Nous avons la chance d’avoir des moyens de communication plus puissants que lors de la décennie noire et une société civile qui revient à la vie peu à peu. Là où certains souhaitent prier face à des événements culturels, nous devrions peut-être en faire de même.

Oui, prier. Prier pour notre culture, pour notre patrimoine et pour un idéal de vivre-ensemble qui semble s’éloigner de jour en jour. Prier afin que ceux qui prient un Dieu qu’ils pensent seuls à reconnaître comprennent que notre combat est le même. Et que la culture, cette culture commune, fera notre force.

Écrit par vinyculture

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