Manhattan, sorti en 1979, est un film en noir et blanc et l’un des plus gros succès de Woody Allen à ce jour. Il met en avant une fine réalisation, des personnages attachants, des thèmes simples et profonds, le tout avec un background de toute beauté.
Le film s’ouvre sur la ville de New York, ville natale du réalisateur (acteur principal ici), qui, tout au long du film, présente de façon subtile, suivant chaque pas, chaque parole et chaque geste, des personnages de l’histoire. Une mise en avant démontrant l’amour qu’a Allen pour la grande pomme et servant l’intrigue qui se suit avec une légèreté folle propre aux œuvres du monsieur.
Le scénario est d’une simplicité troublante vu son efficacité au final, présentant seulement deux amis accompagnés de leurs copines/femmes/amantes. On suit leurs méandres amoureux et leurs envies, leurs pensées, leurs paroles tout en y prenant du plaisir. Le talent des acteurs y est bien sûr pour beaucoup et principalement Woody Allen qui, avec ses balbutiements, ses paroles fausses et son incapacité à compléter une phrase sans marquer de pause avec un “Euh…” ou un “Je veux dire…”, nous font nous demander si le tout n’est pas simplement improvisé tant le naturel est présent.
Pour en revenir au scénario, malgré sa simplicité, il n’en reste pas moins extrêmement travaillé, avec des thèmes et des morales à retenir tout au long du long-métrage. De profondes réflexions sur la nature humaine sont faites subtilement notamment l’insatisfaction, le désir primaire ou tout simplement la vanité et l’égoïsme. Un sexisme léger est aussi mis en avant à certains moments et le tout force le respect tant l’implantation de tels éléments peut s’avérer difficile avec une intrigue pareille.
Niveau réalisation, le film, sans pour autant être un film muet, rend librement hommage à ce style loin d’être démodé. À plusieurs moments, les acteurs ne parlent plus et laissent libre court à leurs habilités expressionnistes. Le charme qui s’en dégage n’a bien évidemment pas besoin d’être argumenté. On se prend à sourire silencieusement et à s’oublier devant les mimiques et les expressions des acteurs sublimées par la musique de Feu George Gershwin, dont les partitions collent parfaitement à l’ambiance qui ne manque pas de poésie. Le choix en noir et blanc est quant à lui assez ingénieux dans la mesure où les plans sont sublimés par des effets de lumière plus accentués. Toutes les scènes du film ayant été tournées en décors réels, cet élément n’en est que plus attirant. L’humour est une pépite d’or, chaque tirade vacille entre sarcasme, ironie, vérité et seulement en dernier… Tentative de faire rire. Le résultat est tordant et la prosternation devant le maître dialoguiste qu’est Woody Allen est de mise.
Manathan est ce qu’il est, une merveille du septième art qui ne se prétend pas plus grandiose. Une intrigue simple, de bons acteurs, une réalisation soignée à tous les niveaux, une ville fantastique, un humour fin et des thèmes profonds mais subtilement abordés.
GIPHY App Key not set. Please check settings