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Interstellar – La critique (Sans spoilers)

Nul besoin d’introduire le cinéaste derrière le film du jour (ou de la décennie vu le temps passé depuis la dernière critique), Christopher Nolan est une étoile en fusion et aux idées infinies, à partir de ce film, on peut déjà imaginer un avenir génial pour le jeune réalisateur qui nous livre ici l’une, si ce n’est l’œuvre la plus aboutie de sa filmographie déjà bien garnie.

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Scénario et réalisation

Pour donner le topo, Interstellar présente une variation ingénieuse et réaliste de l’apocalypse dans laquelle l’humanité est, et où certains recherchent une solution interne tandis que d’autres recherchent leur salut dans les étoiles.

Dans le film on s’intéressera bien évidemment à la deuxième catégorie, un voyage est entamé afin de sauver la race de l’homme, d’une façon (Plan A) ou d’une autre (Plan B). Bon ça, c’est fait, rentrons dans le vif du sujet, mais par où commencer? Le film traite de sujets innombrables: univers, temps, humanité, amour, et aussi divin que cela puisse paraître, Nolan arrive à concilier chaque élément de son intrigue et à donner son importance à chaque minuscule morceau du puzzle, ç’aurait pu devenir un défaut quand on se rend compte de l’importance des petits détails du début à la fin, mais il n’en est rien, le scénario est mené de main de maître et l’entremêlement entre les différentes parties de l’intrigue ne dérange nullement.

interstellar-matthew-mccon-christopher-nolan1Mais la force du scénario du frère Nolan, Jonathan, ne réside pas seulement dans sa lecture ou son traitement des personnages, c’est surtout l’ingéniosité qui découle de sa façon de jouer avec les connaissances sur la physique quantique et les lois de la relativité générale, les mettre au service de son histoire tout en leur donnant une importance tant dramatique qu’utile au format adapté. Les inspirations sont bien évidemment apparentes, de Kubrick (2001, l’Odyssée de l’Espace) à Tarkovski (Solaris),  mais ce n’est nullement un handicap pour le film qui trouve malgré tout sa voie et laisse sa propre empreinte à travers des éléments nouveaux, intelligents et, risquons notre crédibilité, révolutionnaires: si le film était arrivé avant les deux cités plus haut, beaucoup plus d’impact aurait été créé vu les idées et concepts abordés ici. Car Interstellar ne se suffit pas de lancer la machine et la laisser avancer en mode automatique, tout le long du film le sens du détail maladif de Nolan transparaît à partir des images.

Et puisqu’on en parle, la réalisation est tellement propre et fine pour des images aussi sensées. Il serait limite dommage de passer devant certains détails reflétant réellement l’effort fourni derrière la caméra et en post-production. Un soin fou est apporté aux images, chacune ayant un sens et une idée qui submerge le spectateur de plein fouet et ce, pour les moments forts et rythmés comme pour ceux plus intimistes et discrets. Nolan arrive à rendre l’imaginable réel tout en laissant le choix au spectateur d’y croire ou non, il repousse les limites de nos connaissances en se servant d’une imagerie et d’une photographie à toute épreuve. Même dans les moments les plus nerveux, la caméra arrive toujours à trouver l’angle et la position parfaite pour donner un sens à ce qui est filmé.

Ascenseur émotionnel

INTERSTELLARMais que serait le film sans les émotions qu’il véhicule, à première vue Nolan aurait cédé aux caprices hollywoodiens et a fini par pondre quelque chose de très conventionnel dans la construction de son récit, quelque chose qui puisse toucher tout le monde de façon à ce que ce soit accessible (on retrouve cela souvent dans le film d’ailleurs), mais on ne peut pas forcément lui en vouloir d’autant plus qu’il arrive malgré tout à y mettre sa touche.

L’attrait émotionnel du film est tellement fort, tellement puissant qu’il décrit à merveille les idées énoncées dans l’oeuvre. Et sans spoiler cet aspect ô combien important, le parallèle entre ce qui est dit et ce qu’on voit est parfait au point qu’on pourrait tout simplement superposer les deux éléments pourtant si différents. L’idée donnée de l’amour et des émotions qu’on ressent est primordiale reléguant le reste de l’intrigue à un simple outil pour arriver à des conclusions. De là à dire que les moments passés dans l’espace sont inutiles, il n y a qu’un pas, on s’arrêtera au fait que ces voyages traitent d’autres sujets, c’est la force du film: le cheminement vers ses idées, toutes les idées énoncées durant le film, tous les petits détails convergent vers le même point final…

Le film traite de la force de l’homme dans ses derniers retranchements, son instinct de survie généré par ses émotions, une psychologie de l’humain en tant qu’individu mais aussi en tant que race, ses défauts comme ses qualités, le questionnement sur l’individualisme par rapport au destin d’une espèce. Tout ces petits points sont exposés d’une façon minimaliste à travers une comparaison à l’échelle de l’univers. L’humanité semble tellement plus importante dans le film que dans d’autres, traitant d’émotions dans un ton naïf du genre humain.

Hamilton-Khaki-Interstellar-watches-2Rien de tout ça n’aurait pu être fait sans le casting prestigieux que s’offre Interstellar. Difficile d’en parler en l’absence d’un paquet Kleenex mais essayons quand même. Matthew McConaughey, cet acteur est déjà rentré dans le panthéon des grands depuis 2010, son rôle n’est peut-être pas le plus intéressant, mais c’est surtout sa façon d’interagir avec les autres personnages ou son implication dans le rôle qui interpelle. Il n’est bien sûr pas le seul, le casting fabuleux représente vraiment le corps du film qui aurait eu un goût bien différent autrement et ce n’est pas dit à la légère, loin de là.

Chaque moment passé avec les acteurs est d’une justesse éblouissante et aucune fausse note n’est à déceler. Les rôles sont endossés à merveille et le ressort émotionnel que représente l’intrigue générale est interprété de la plus excellente des façons. Seul élément qui noircit un peu le tableau, un certain acteur interprétant une certaine personne sur une certaine planète qui arrive comme un cheveu sur la soupe et fausse un peu le naturel et l’automatisme instinctif de l’intrigue.

Des images

interstellar-warpOn en arrive enfin à l’un des aspects les plus importants du film, ses effets spéciaux et ses voyages à travers le temps et l’espace. Encore une fois, il est difficile de juger de bons effets spéciaux à notre époque puisque d’un film à l’autre, la qualité est souvent au rendez-vous et ce, selon les goûts.

Néanmoins, Interstellar arrive à donner une autre image du visuel puisqu’en plus de nous transposer dans un imaginaire aussi proche qu’éloigné poussant à la réflexion, le film arrive à réellement dessiner les idées et les adapter à nos yeux. Accepter les images ou certaines interprétations de notre univers dans le film n’est pas aisé, il faut une ouverture d’esprit assez conséquente qui pourrait fausser la vision générale du film. Qu’importe, les images parlent d’elles-mêmes, on ne sera pas assez fous pour les décrire ou les citer, car dans ce cas précis, il faut le voir pour le croire.

Au delà de toute tentative de définir ce qui est vu, il s’agit donc de vécu avant tout… Le film doit être visualisé, ne serait-ce que pour son visuel novateur. Le défaut d’autres films de science-fiction est de donner du spectacle sans inscrire cela dans un contexte plus ou moins réaliste, ici ce n’est pas le cas. Nolan donne autant d’importance aux détails de son image que de son histoire et ce, dans l’optique de donner du réalisme à son récit.

C’était probablement de mauvais goût pour un personnage comme Batman, mais pour un sujet pareil c’est réellement bienvenu, puisque rendre réel ce qu’on ne fait qu’imaginer relève d’une certaine manière du divin et c’en est bouleversant, dramatique et fourré d’idées…Rassurez-vous, on parle toujours du visuel.

Interstellar-4La musique de Hans Zimmer enfin, n’est pas l’une de ses plus abouties mais arrive à réellement faire vibrer les images, et quand on sait que le compositeur allemand n’a eu droit à aucune image du film pour composer sa musique, il y a de quoi avoir des frissons tant le résultat final correspond si bien au film et définit parfaitement la peur de l’infini qu’il suscite. Il utilise de toute évidence de nouveaux instruments dans sa composition, qui donnent un ton très théâtral voire classique à sa musique, le son d’orgues principalement qui donne un aspect extrêmement malsain par moments, effrayants à l’image d’Interstellar.

Défauts

Avouons-le au final, Interstellar présente tout de même quelques défauts minimes qui ne sont en fait qu’une conséquence de ses qualités. Et s’ils ne sont pas nombreux, ils sont quand même à citer dans l’optique où le film mérite un approfondissement à la hauteur de sa maîtrise.

En premier lieu, le trop plein d’explications scientifiques vis-à-vis de ce qui se passe à l’écran, c’est certes nécessaire mais par moments il arrive qu’on en ait la nausée surtout pour des éléments qui ne nécessitent pas forcément une réelle explication, ceci est bien sûr la conséquence du format tendant vers le grand public du film, Nolan prend des choix parfois difficiles afin de rendre accessibles ses idées et ce, au détriment d’un public plus restreint pour lequel le film est censé être destiné.

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En deuxième lieu et comme dit plus haut, Nolan est réellement perfectionniste dans le traitement des sujets abordés dans le film. Ce n’était pas censé se passer comme ça, mais au final cela semble se retourner contre lui puisque son récit est tellement bien architecturé et structuré que chaque élément de son intrigue transparaît à travers les événements qui se produisent, ce souci du détail maladif qui le pousse à donner un sens à chaque élément scénaristique ou visuel devient donc un défaut dans la mesure où certains événements peuvent être prédits.

Conclusion

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Interstellar se vit, complexe dans l’exécution et dans les enjeux qu’il présente, il est avant tout là pour donner au spectateur une nouvelle vision de son existence et celle de l’homme en général. Pousser l’imaginaire en se servant d’éléments cosmiques et de ressorts scénaristiques qui ont trait aux émotions que véhicule l’être humain.

Écrit par vinyculture

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