La bande dessinée algérienne n’a pas tardé à gagner ses lettres de noblesse alors même que son introduction dans la famille élitiste des arts était encore sujette à polémique ailleurs.
Très tôt, le support qu’elle offrait à l’expression artistique a permis à la population de retrouver son quotidien et ses travers sous la plume de la génération de Slim, Ahmed Haroun et Mahfoud Aïder.
Une pratique populaire qui a sauté une génération – pour les raisons que nous connaissons –, resurgissant en force avec l’avènement des réseaux sociaux et les possibilités nouvelles offertes aux jeunes créateurs de partager leurs dessins.
Voici une liste, ci-dessous, de quelques talents que vous devez absolument suivre
Saïd Sabaou
Né à Alger en 1988, Sabaou est le premier algérien à être exposé au musée international du manga et de la BD à Kyoto.
Malgré son talent et le fait qu’il ait été nourri depuis la tendre enfance aux shōnens phares comme Dragon Ball et Saint Seiya, le mangaka ne s’est véritablement lancé que suite à une maladie qui lui a permis de prendre conscience de la vocation à laquelle il devait se destiner.
À 23 ans, il publie deux tomes de Mondialé ! (2011) et un an plus tard sa saga inspirée des jeux Street Fighter, Houma Fighter (2012–2013) en deux tomes également.
D’abord humoristique, sa plume devient plus dramatique avec Le prix de la liberté (2013), un manga avec pour thème la révolution algérienne, et Lucyus (2015). Il serait actuellement en train de travailler sur un film et une série. À suivre !
Nawel Louerrad
Née à Alger en 1980, Louerrad est celle qui a commencé le plus tardivement à faire de la bande dessinée.
Après des études en scénographie, ses dessins à l’encre paraissent pour la première fois dans la revue spécialisée El Bendir en 2011. Et dans El Watan Week-end au cours de la même année.
Elle publie ses Vêpres algériennes en 2012, sublimant des corps en trois dimensions avec une narration élaguée, mais obsédante.
En 2013, et après avoir participé à l’album collectif Monstres (2011) – exposé au 15e Festival de la BD d’Erlangen –, elle récidive avec Bach to black, clin d’œil au compositeur baroque et à la chanteuse soul.
À la faveur du 20ème SILA, elle sort sa dernière bande dessinée en date, Regretter l’absence de l’Astre (2015).
Togui (Samir Toudji)
Né à Alger en 1982, Togui dessine depuis qu’il a l’âge de tenir un crayon. À 24 ans et après des études en dents de scie, il se lance dans une carrière de graphiste.
Deux ans après, il obtient le prix du Jeune Talent lors de sa participation au FIBDA, pour lequel son personnage est présenté pour la première fois.
En 2009, il participe à l’album collectif La BD conte l’Afrique et un an plus tard il publie Togui Diary, un album où ses déboires en tant que bédéiste sont illustrés avec toute l’auto-dérision qui le caractérise.
Il initie l’album collectif engagé Freelestine (2015), élu meilleur fanzine de la 8e édition du FIBDA.
Sofiane Bulle-askri (Sofiane Belaskri)
Natif d’Oran en 1992, Belaskri est le cadet de cette sélection. S’il a découvert la bande dessinée à 16 ans, il ne tarde pas à publier son premier manga, Drahem (2011), à l’âge de 19 ans.
Il participe la même année au concours « Jeunes Talents », où il remporte le deuxième prix pour une œuvre plus courte, El-Moudjahid, qu’il finit par étoffer un an plus tard et rebaptiser Le vent de la liberté (2012).
Collaborant sur Monstres et Waratha (2012), il fait partie des artistes à qui, ‘Reframe’, une exposition financée par la European Cultural Commission, fait appel en 2013 dans le cadre de la promotion de nouveaux talents dans la bande dessinée.
Delou
Née à Alger en 1988, Delou est celle à laquelle s’identifie une vaste majorité de jeunes algériennes.
À travers les scènes de vie quotidienne qu’elle dépeint, elle livre une vision dénuée de stéréotypes du quotidien d’une jeune algérienne. Le tout sur un ton léger et d’un coup de crayon épuré.
Publiant principalement sur Facebook, elle a participé néanmoins aux albums collectifs Monstres, Waratha et Freelestine.
Chahine Ladjouze
Né à Alger en 1980, Ladjouze dénote par rapport aux autres bédéistes algériens pour sa touche comics. Inspirés de l’univers des X-Men, ses personnages se rapprochent de l’archétype du superhéros américain.
Raïs et l’île du démon (2014), la bande dessinée qu’il co-signe avec Selim Zedani (auteur), met en scène le célèbre Raïs Hamidou. Dans cette aventure épique, il réussit l’exploit de mêler samouraïs japonais, corsaires portugais, un Roi-Sorcier et des extra-terrestres.
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