Le mercredi 24 octobre, date chargée de mémoire, se tiendra au Centre Culturel Algérien à Paris, le vernissage de l’exposition intitulée : “UN SEUL HÉROS, LE PEUPLE MON PÈRE” de l’artiste plasticien vidéaste Mustapha Sedjal. Exposition qui se tiendra jusqu’au 24 novembre prochain.
Mustapha Sedjal a mené, à notre sens, un double travail : il s’est interrogé et nous pousse également à la réflexion sur notre histoire ; ce que nos mémoires ont retenus, ce que notre imaginaire a comblé et ce qu’a pu nous apporter certaines réalités palpables ou les fictions cinématographiques d’une part et toute l’influence que ceci a eu sur notre présent d’autre part.
Il a choisi, pour approcher ce thème, des moments forts de Tawrat et-tahrir / Révolution Algérienne. La photo des six prises avant le déclenchement de la guerre (24 octobre 1954). Le film “La bataille d’Alger” (1966), une phrase immortalisée de Didouche Mourad ou encore ce slogan inscrit sur le mur au lendemain de l’indépendance « un seul héros, le peuple » (2 juillet 1962).
Il utilise pour son travail diverses techniques en l’occurrence le dessin, la photographie, la vidéo et des fragments de textes.
Son installation nommée « Union Sacrée » nous replonge dans ce studio de Bab El Oued, sur ce même banc où s’était assis Larbi Ben Mhidi et Krim Belkacem. Debout derrière : Rabah Bitat, Mostefa Ben Boulaïd, Didouche Mourad et Mohamed Boudiaf. A travers les portraits illuminés de ces six hommes éclatés nous faisant face, on replonge, dans un passé côtoyant un présent, un moment de confrontation qui nous pousse à voir au-delà de ces regards qui s’offrent à nous.
L’installation Vidéo « Écho » ou écho de la révolution ensuite. En 1957, des sons et des images se mettent à rapporter la cause révolutionnaire, l’inégalité de la guerre et c’est une scène du célèbre film la bataille d’Alger que l’artiste décide de s’incruster au milieu des deux personnages. Une scène où Ben Mhidi et Ali Lapointe se retrouvent sur une terrasse et lancent la phrase suivante : « Il y a beaucoup à faire ».
Puis le slogan d’indépendance, la phrase prise et reprise pour construire cette utopie collective, mobilisatrice, pour arracher la révolution à ses héros pour l’attribuer au peuple seul héros reconnu marginalisant l’individu et sa mémoire. L’artiste veut remettre en question cette effacement de l’individu au profit de la masse et de la pensée unique pour imposer et se ré approprier le héros de guerre, en l’occurrence son père, pour palper, ressentir cette indépendance, cette lutte ; ces tortures. En un mot : “UN SEUL HÉROS, LE PEUPLE MON PÈRE”.
Et puis un rideau noir, œuvre marquante puisque qu’une seule phrase de Didouche Mourad est reprise : « Si nous venons à mourir, défendez nos mémoires ».
Les œuvres présentées par Mustapha Sedjal restent poignantes, presque dérangeantes, tant elles nous amènent à pousser la réflexion sur ce qui a fait notre révolution et qui sont finalement ses vrais Héros. Le plus intéressant reste la question suivante : ce qui nous reste, est-il Histoire, Mémoire, Imaginaire ou Réel ?
Pour reprendre Mustapha Sedjal : « La photo des 6, date du 24 octobre 1954 selon les historiens. Le 24 octobre 2012, jour du vernissage (68 ans après) est un rendez-vous avec l’Histoire, la Mémoire et L’héritage de l’Istiqlal que nous devons transmettre. L’artiste est un passeur d’Imaginaire. ».
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