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Parlez-moi d’artistes : Elle s’appelle Ahlam Shibli

Source image : afterall.org

J’ai découvert Ahlam Shibli au moment où j’ai découvert à Barcelone, l’œuvre de grands maitres du siècle dernier : Picasso; Dali, ou encore Gaudi. Cette même ville où toutes les audaces semblent possibles, où les barrières semblent être repoussées, où l’on s’arrête de subir le monde qui nous entoure pour commencer à le faire,  à l’influencer, à attirer les regards, à nous interpeller sur nous-mêmes et sur nos œuvres.

Source image : afterall.org
Source image : afterall.org

Au MACBA, musée d’art contemporain de cette ville, et plus précisément au deuxième étage, régnait Ahlam Shibli. Dans un silence quasi mystiques, les murs portaient avec honneur ses œuvres démontrant un réel respect du travail.

Ahlam présente une exposition intitulée “ Phantom Home”, 9 séries photographiques prises lors de la dernière décennie et qui nous interpellent sur la notion de foyer. Le travail est un questionnement autour de la perte de ce foyer et tout ce qu’il implique comme combat. Ceci articulé autour de trois axes : le premier axe considère le corps comme foyer primaire de l’individu et démontre comment des minorités utilisent le corps comme outils de résistance aux attentes de la majorité ( Série Eastern LGBT / Dom Dziecka). Le second axe traite du conflit colonial non limité à la cause palestinienne, mais également à une localité française, Tulle, qui a combattu l’occupation allemande pour retrouver son “foyer” et qui se retrouve à combattre une autre population (algérienne) demandant également son indépendance ( Série : Trauma , Trackers et Death ). Le troisième axe, quant à lui, interpelle sur le processus de dépossession des terres, subi par les palestiniens ( Série : Goter , Arab al Sbaih , the Valley ) .

Ces séries photographiques ne sont pas là pour dénoncer une situation mais sont de simples constats de forme de résistance que des individus pratiquent pour sauvegarder ce que le foyer peut représenter pour eux, que ce soit par une prise de possession de leurs corps et identité ou une prise de possession de certains souvenirs, photos etc, qui leur donnent ce pouvoir de résister, de créer un espace spatio-temporel où ils ressentent une forme de liberté.

Mais c’est ce silence mystique propice à la réflexion et au questionnement interne qui a été troublé lorsque l’exposition s’est déplacée à Paris , au Jeu de paume. De la nuisance sonore ressentie ici et là pour venir contester le travail de cette artiste et attribuer à la série ”Death” une apologie au terrorisme. On évoque même dans la presse des menaces de mort et des alertes à la bombe, remettant en cause la poursuite de l’exposition, à peine débutée.

Et c’est encore une fois le débat autour de la censure qui ressurgit : politique et religion sont des thèmes avec lesquels nous devons nuancer nos expressions, mais force est de constater que l’œuvre de Ahlam Shibli n’est que photographies réelles prises d’un quotidien bien existant au fil de ces années passées. Jusqu’où les jeux de manipulation nous aveugleront ?

Écrit par vinyculture

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