Après avoir illustré quelques proverbes algériens, nous nous penchons aujourd’hui plus précisément sur les proverbes kabyles.
Beaucoup d’entre-nous avons cette image de la grand-mère en montagne, dans son accoutrement traditionnel, robe et foulard aux couleurs fleuries, assise au centre d’un cercle familial, en train de raconter mille et une histoires avec un talent de narratrice inouï et inné.
En plus de faire voyager petits et grands, ces histoires sont souvent ponctuées par un dicton, un proverbe de son choix, un trésor à legs oral qu’elle sait si bien dégainer, empli d’une sagesse ancestrale, elle, qui dans bien des cas, ne sait ni lire ni écrire.
Ce sont ces proverbes que nous allons aborder dans cette nouvelle chronique, qui nous l’espérons, vous plaira et vous apprendra de nouvelles choses.
Acu tebɣiḍ a yadarɣal ? d tafat ! (Que désires tu le plus, aveugle ? La lumière !) :
Ce proverbe peut coller à plusieurs situations, plusieurs contextes et domaines. Mais si l’on se penche sur son sens le plus global et absolu, on y décéléra une aspiration au meilleur, plus précisément à une vie meilleure.
Une vie meilleure qui ne passe d’ailleurs pas nécessairement par des acquisitions matérielles. Plutôt que la possession au sens prosaïque, évoquons l’envie de combler des manquements qui peuvent miner une personne au cours de sa vie. Et cela diffère d’un individu à un autre, ce qui manque à l’un ne manque pas forcément à l’autre.
Dans notre exemple, quand la question est posée à celui que la vue a quitté, il répond par “la lumière“. Si vous lisez cet article, c’est que vous la connaissez bien, vous, cette lumière. Elle vous est acquise, même que vous n’y pensez plus vraiment.
Pourtant, cette chose qui nous semble évidente est le plus grand fantasme d’un non-voyant. Quelque chose qu’il ne connaîtra jamais, ou qu’il ne reverra plus. C’est donc tout à fait naturel qu’il en fasse sa réponse.
Suivant cette même logique, chacun de nous connait des manquements, sa part d’obscurité qu’il cherche à éclairer. Chacun de nous cherche SA lumière. Elle peut se présenter sous tous les accoutrements : sentimentaux, professionnels, physiques, matériels…, et nous aspirons tous à les combler, d’une manière ou d’une autre.
Parfois, quand on n’y arrive pas aisément, on essaie d’y pallier en s’occupant d’autre chose, un désir de substitution. Mais l’aveugle vous le dira, rien ne remplacera jamais la lumière perdue dans notre esprit.
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