Depuis le 16 Juin, et jusqu’au 04 Novembre, le musée du « Jeu de Paume », propose une rétrospective Bourdieu au Château de Tours via l’exposition « Images d’Algérie, une affinité élective ». En cette année cinquantenaire des accords d’Evian, c’est l’occasion de découvrir un pan inédit de la vie et de l’œuvre du philosophe/sociologue.
Lorsque Pierre Bourdieu débarque en Algérie en 1955, il n’est pas encore l’intellectuel influent qu’il deviendra par la suite. Ce n’est alors qu’un simple appelé du contingent, fraîchement agrégé de Philosophie venu effectuer son service militaire.
Cependant, tous ceux qui connaissent l’homme et l’œuvre, s’accordent à dire que sa découverte de ce pays secoué par ce que l’on qualifie encore d’ « évènements », marquera les prémices de son passage de la philosophie à la sociologie.
Sociologue de la pratique, il développe dès lors une approche sensiblement empiriste de l’étude, alliant sociologie, anthropologie et ethnologie.
C’est là que réside toute l’originalité des concepts Bourdieusiens. Alors que chez ses contemporains, l’ « indigène » est nié ou simplement évoqué, chez Bourdieu, il se retrouve au centre de l’expertise sociologique faisant de ses écrits des récits tant scientifiques que littéraires.
Mais l’aspect le plus étonnant est l’objet même de l’exposition « Images d’Algérie, une affinité élective ». Car cette étude s’est avant tout appuyée sur l’art photographique.
Le résultat est un extraordinaire témoignage sur une société algérienne en pleine constitution et métamorphose, déchirée entre nécessité de modernité et besoin de tradition (Femme voilée à motocyclette, ouvriers agricoles déracinés, paradoxe entre ville européenne et ville dite musulmane).
Mais réduire ces photographies à de simples clichés ” médico-légaux ” serait méconnaître le travail du sociologue. Car tout en restant des œuvres éminemment scientifiques, leur valeur artistique et esthétique est loin d’être négligeable (ce qui démontre un réel intérêt de Bourdieu pour l’art photographique ainsi qu’une grande aisance technique). Le constat est au final, cruellement réaliste et un demi-siècle plus tard, plus que jamais d’actualité.
Si la misère est moins pénible au soleil, derrière l’objectif de photographe-improvisé, elle reste néanmoins tragique.
« Images d’Algérie, une affinité élective », est donc une initiative fort louable en cette année de commémoration. Elle passionnera sans nul doute les férus d’histoire autant que les photographes en herbe.
Jusqu’au 4 Novembre au Château de Tours.
25 avenue André Malraux – 37000 Tours
Tél. : 02 47 70 88 46
Horaires : du mardi au vendredi de 14 H à 18H,
Samedi et dimanche 14 H 15 à 18 H
Entrée expositions Jeu de Paume : 3 € (tarif réduit : 1,50 €).
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