Chaque algérois se reconnaît dans les lignes et entre les lignes de ce recueil. Un récit où le narrateur se livre à travers sa ville. Une ville quasi meurtrie, portant en elle une douleur, un passé lourd, un présent incertain et un futur opaque.
Il s’agit en effet d’un quotidien que l’on ne connaît que trop bien et que beaucoup d’entre nous inhibent. Prendre conscience de cette descente vers le néant ou en échapper sur les hauteurs de la ville tel que décrit par le narrateur est le choix qui s’impose à chacun de nous, à chaque souffle que l’on prend de cette ville et que l’on rejette.
Il est question également de tous ces extrêmes que l’on côtoie qui ne sont au final que le reflet de nos “moi” ,de cette société en mal d’elle même, qui cogite sans pouvoir se libérer. Nous sommes possédés. Plus on avance de page en page et puis on a ce sentiment qu’Alger possède l’auteur, qu’il a la ville dans la peau , qu’il ne peut au final plus s’en détacher malgré ses vaines tentatives d’éloignement.
Le narrateur se cherche, dans chaque recoin de la ville. Il est en attente d’une parole de cette dernière; d’un signe, et ce dans la violence de ses habitants, dans le chant d’un cabaret, en attente d’une libération dans ce brouhaha interne qu’il n’arrive pas à expier, il recherche cette interprétation matérielle de ce qu’il peut ressentir. Il construit même à l’intérieur de lui une cage l’isolant du monde externe. Un endroit où il demeure seul face à ce qui le hante.
C’est cette impression de relation passionnelle, excessive, obsédante. Cet amour extrême, menant à notre perte, notre abandon total, que l’on retient de la relation du narrateur à sa ville. C’est aussi ce Cri qui revient en lettres souvent mais qui trouve du mal à se matérialiser, à prendre une forme palpable, une forme libératrice.
Au final, le cri n’existera pas, il se meurt dans les bras du silence. La mort suffit-elle à inhiber ces fantômes ?
GIPHY App Key not set. Please check settings