Après être partie de l’Algérie vers le Liban, la chronique “D’inculte à un autre” nous emmène aujourd’hui en Autriche pour une autre découverte artistique au plus grand bonheur des incultes.
-Alors ? Tu les aimes ??
-Oui beaucoup ! Vraiment ! Et tu sais à quel point les boucles d’oreille fantaisie et fantaisistes sont mon grand délire !
-Et pas uniquement… Tu as vu la symbolique ?
-Heu…oui, j’adore les couleurs, ça va bien avec le rouge, le marron, voire l’orange.
Je lis dans son regard un mélange de déception et de surprise. Un regard qui pensait sans doute : « Non, elle n’a pas pu me faire ça ! Un si beau cadeau ! Un si beau symbole ! Elle ne peut pas ne pas connaître cette figure sur ces grandes boucles d’oreille rondes. L’un des plus célèbres de tous les baisers au monde. Celui de Gustav Klimt ». Et pourtant…elle l’a fait.
Une fois le rideau tombé, la déception digérée, je rentre chez moi, le moral un peu plus bas que dans les chaussettes. Marmelada est en face de moi, j’hésite à lui demander de m’aider mais je finis par m’y résoudre.
Gustav Klimt, symboliste qui représente justement tout un symbole pour Vienne, est né en 1862 au sein d’une famille très pauvre d’artistes. De père orfèvre ciseleur et de mère chanteuse lyrique, il avait été remarqué dès son jeune âge pour son penchant pour l’art et la décoration et commença à l’âge de 14 ans à suivre des cours de peinture à l’École des Arts Décoratifs de Vienne. Il forme, avec son frère Ernst et un ami, Frantz Matsch, un trio fort talentueux dont les travaux se démarquent et séduisent les professeurs. Ils créent ensemble un atelier et sa dextérité lui permet d’être sollicité pour la décoration de nombreux édifices notamment La salle de réunion du Palais Sturany à Vienne, une salle du Château Royal de Palesch en Roumanie, la Villa Hermès de Lainzt, les escaliers du Burgtheatrer de Vienne et enfin l’escalier du Kunshistorisches Museum.
Dans le début des années 1890 et après avoir excellé dans toutes ces sollicitations quelque peu « traditionnelles » et « peu originales », Klimt aspire tout de même à davantage de liberté artistique et à « plaire au petit nombre », il s’intéresse donc au symbolisme et à l’impressionnisme français, côtoie les écrivains, prends une compagne et crée, avec quelques amis, le journal Ver Sacrum (Printemps sacré) puis une association dénommée la ” Sécession” dans le but de provoquer le changement, de renouveler l’art Viennois et de le promouvoir à l’international.
Ses sujets allégoriques commencent à créer des scandales en 1896 avec la toile intitulée « La Philosophie », qu’il avait peint pour illustrer le hall d’accueil de l’Université de Vienne. Les toiles qui suivirent provoquèrent de plus fortes critiques encore de part leur symbolisme. Elles sont jugées trop érotiques voire pornographiques et perverses.
Même s’il renonça à voir ses toiles orner l’Aula Magna de l’Université, Klimt n’est pas intimidé et continue à se libérer. Il réalise ses plus célèbres toiles à partir de 1902; sa créativité est alors à son apogée. D’ailleurs, il peint « le baiser » en 1905, ce tableau est considéré comme étant « le plus représentatif de son génie ». Il est d’ailleurs souvent comparé à « Mona Lisa ».
Il finit par quitter l’association « la Sécession » suite à de nombreux désaccords avec quelques artistes et continue à œuvrer en s’orientant davantage vers la peinture de paysages puis de portraits. Sa fin de carrière ressemble cependant au début de celle-ci puisqu’il se replonge dans la décoration.
Il décède en 1918 en laissant un riche héritage de 230 tableaux aux inspirations diverses et la croyance utopique que seul l’art peut sauver les gens.
Enfin, pour ceux qui seraient intéressés, voici le dernier film en date narrant sa vie :
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