À la découverte de l’artiste Yasser Ameur

“Premier attentat pictural” est une série de photos, croisée sur Facebook, et qui a instantanément attiré mon attention. Que fait ce grand bonhomme un peu trop jaune sur les murs paisibles d’une ruelle en Algérie ? Pour le découvrir, je m’empresse de contacter l’artiste derrière cette initiative, un certain Yasser Ameur.

Yasser est licencié en Design et spécialisé dans le Design d’environnement en cursus de Master, il est  actuellement enseignant, notamment à l’École régionale des Beaux-Arts de Mostaganem.

Vous avez pu apprécier son travail « Art- Actu » lors de la biennale d’art contemporain d’Oran de 2012. Il s’était amusé à colorier, embellir les pages laides de nos journaux, ces mêmes journaux qui tentent de nous façonner. L’objectif étant de les revoir d’un œil différent, plus personnel, plus réfléchi peut être.

Ci-après l’interrogatoire subi par Yasser :

Bonjour, qui est cet homme jaune ?

Yasser : Cet homme jaune est une sorte d’interprétation de l’humain que l’on est devenu. Je trouve que le jaune est la couleur qui nous va le mieux. Elle exprime assez notre égoïsme, notre individualisme. Et puis mes bonhommes jaunes se ressemblent presque (un clin d’œil par rapport à l’uniformisation que nous connaissons).

Et tu le libères comment ?

Yasser : À vrai dire, je crée ce genre de personnages depuis pas mal de temps et vu que l’on manque réellement d’espaces pour exposer et même si on en trouve, l’œuvre et le peuple restent en presque totale rupture. Finalement, les expos sont assez élitistes.

Selon vous, aucun effort n’est effectué pour assurer une éducation artistique à l’école ou en dehors ?

Yasser : Je dirai que c’était beaucoup plus une obligation d’afficher dehors qu’une partie de plaisir. Pour moi, la vraie place des artistes est dans la rue, il faut reprendre nos rues car c’est là où on trouve le vrai peuple qui a besoin de changement !

Ma première expo était dans des toilettes donc (rires).

Quel devenir pour l’homme Jaune ?

Yasser : L’homme jaune tout comme tant d’autres sujets, ne reste qu’un prétexte afin d’aborder l’art de manière différente et le faire sortir des ateliers et salles plutôt élitistes, et l’exposer dans la rue. Je compte prochainement le répandre dans d’autres villes.

Il vit donc à Mostaganem en ce moment ?

Yasser : Oui, et j’en ai plusieurs dans mon atelier. À la base, c’est des toiles que je n’arrive pas à exposer. D’où l’idée d’exposer moi-même !

Qu’est-ce qui pose problème pour les exposer ?

Yasser : Le manque de lieu d’expositions. Et même si on en trouve, presque personne ne vient sauf les quelques artistes qu’on connait. D’ailleurs, c’est un véritable problème en Algérie. On n’a pas cette culture, celle où l’on va à des expos ou visiter des musées.

De nouveaux projets ?

J’aspire à participer à quelques événements artistiques organisés cette année,  l’enregistrement de quelques chansons  aussi (Oui, Yasser chante aussi).

Regardez autour de vous, il y a forcément un homme jaune qui vous observe. Pas de panique, interrogez-vous, cet homme jaune c’est peut-être vous.