Après moult retardements, le cinquième volet de la saga Pirates des Caraïbes est enfin arrivé dans les salles obscures au Théâtre de verdure Laadi Flici. Les promesses d’un retour aux sources aux qualités ayant fait le succès de la première trilogie sont faites avec le comeback de plusieurs personnages emblématiques de cette dernière. Mais le résultat est-il à la hauteur des espérances?
De prime abord, il est intéressant de noter que le film, dans sa construction, ses personnages ainsi que sa narration, essaie de reprendre au mieux la structure du tout premier Pirates. Les comparaisons sont souvent de mise sans pourtant jamais tomber dans un piège de répétitivité auquel a succombé une certaine saga intergalactique. Pour ainsi dire, le film prend comme acquis le passé de la saga pour avoir sa propre identité, les frissons ressentis face aux pirates de Barbossa dans le premier sont ainsi presque les mêmes que l’on ressent face à ceux de Salazar ; des références bienvenues aux anciens opus sont aussi injectées pêle-mêle dans la course du film, qui s’en sert tantôt comme ressort narratif, tantôt comme ajout humoristique subtil.
L’humour est toutefois souvent gras et peu subtil. Si les dialogues servent le récit et les personnages avec quelques légers boitements, l’humour fait défaut à ces derniers, et principalement à Jack Sparrow. Le personnage emblématique incarné par Johnny Depp devient une parodie de lui-même dans ses mimiques et se voit caricaturé à un niveau devenu insupportable. Le charme du personnage était sa malice et sa capacité à se sortir de situations insurmontables. Un personnage excentrique, fourbe, ingénieux et délicieusement instable. Malheureusement, les scénaristes en font ce que le public attend de lui : un pirate rigolo. Heureusement pour nous, le film apporte sa ribambelle de personnages principaux et secondaires qui donnent un réel sens au long-métrage.
Les nouveaux venus en premier, Henry Turner et Carina Smith sont des ajouts bien plus pertinents que ce marin et cette sirène de second rang qui flottaient dans le sillage du quatrième film. Les acteurs s’en sortent réellement bien et le personnage d’Henry est certainement l’une des meilleurs choses qui soient arrivées à la saga depuis Davy Jones, même s’il devient malheureusement transparent au fur et à mesure que le récit avance. Hector Barbossa, parlons-en, est certainement le personnage qui aura le plus évolué durant toute la saga contrairement à un Sparrow toujours statique. Son personnage se voit densifié d’une façon assez inattendue et offre au scénario de jolis retournements de situation qui sont, certes, peu évocateurs pour le spectateur mais qui font leur effet.
Salazar, quant à lui, grand méchant du film incarné par Javier Bardem, est l’attraction principale du scénario. Le personnage est réussi et arrive à nous faire oublier Barbe Noire à travers une caractérisation plutôt originale ainsi qu’une personnalité virevoltante. Ses motivations restent bien évidemment basiques et sa rivalité avec Jack Sparrow n’est presque jamais vue à l’écran au présent, mais ceci permet d’alimenter le récit.
Le scénario du film est donc plutôt simple, la recherche d’un artéfact, la rencontre de personnages nouveaux, les difficultés apportées par le méchant. Mais comme l’on pouvait s’y attendre, ce genre de film ne se base pas sur ce point mais plutôt sur le spectacle, et pour ce qui est du spectacle, nous sommes servis. Le film comporte des scènes d’action qui rappellent celles de la première trilogie, à savoir des situations bizarroïdes mêlant folie, humour et action à la perfection. Le tout est servi par des effets visuels réussis, bien que l’utilisation du numérique et/ou les fonds verts n’échappe pas à un oeil averti.
La réalisation de Joachim Rønning et Espen Sandberg est plutôt fluide, les scènes d’action sont claires et peu encombrantes et des jeux de caméras assez sympathiques rendent le suivi du film dynamique. La part belle est donnée à des panoramas, somptueux, qui permettent d’avoir une bonne localisation spatiale du récit et de ses personnages.
Pour la première fois dans l’histoire de la saga, Hans Zimmer laisse sa place de compositeur à l’un de ses protégés, Geoff Zanelli, qui tente tant bien que mal de reprendre le flambeau de son maître. Si l’ajout de thèmes nouveaux se fait ressentir quelques fois, il a malheureusement, par moments, réutilisé des morceaux pré existants créés par Zimmer. La musique divertit souvent, mais un peu de nouveauté n’aurait pas été de refus.
Enfin, le personnage de Will Turner, comme teasé par les différentes bandes annonces, est de retour. Mais où l’on s’attendait à une plus grande présence à l’écran à l’image de sa présence durant la promotion du film, il n’en est rien. Le personnage apparait en introduction et en conclusion du film, comme pour jouer sur la nostalgie et pour alimenter certains aspects du scénario. L’acteur était pourtant très intéressé par la reprise de son rôle et une plus grande partie du scénario aurait facilement pu lui être accordée. L’on pardonnera toutefois ce manque de tact envers les fans grâce à des apparitions franchement mémorables pour le personnage.
Pirates des Caraïbes : La Vengeance de Salazar est un bon opus de la saga Pirates, mieux que La Fontaine de Jouvence, presque aussi divertissant que Le Coffre du Mort et Jusqu’au Bout du Monde, tentant longuement de faire aussi bien que La Malédiction du Black Pearl. Le film se place ainsi au niveau de la première trilogie ce qui en fait un très bon film de divertissement, faisant revivre des personnages adorés par le public et servant un scénario qui demande à être alimenté de nouveau grâce à une scène post-générique délicieusement mystérieuse.
Pirates des Caraïbes est en projection à Alger jusqu’au 24 juin dans le cadre de la 2ème édition des “Nuits du Cinéma”.
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