Depuis un certain temps, la facilité s’est imposée comme le gagne-pain quotidien (ou annuel) de Marvel Studios. Il ne leur suffisait alors que de mettre au point un blockbuster estival avec des héros costumés et des explosions à tout va. Captain America – The Winter Soldier marque non seulement la cassure dans cette mode mais aussi la semi-création et le renouveau du genre super-héroïque au cinéma.
Ce scénario. Ah ce scénario !
Il faut en premier lieu savoir que le film est assez spécial en son genre, non seulement il est encré d’une façon vraiment intelligente à l’univers Marvel, mais trouve aussi sa propre voie à travers des éléments socio/géopolitiques d’actualité. Bien évidemment il n y a pas de quoi en créer des débats, et vu le parti pris grand public du long métrage, on ne pouvait pas faire mieux. Néanmoins, et aussi peu nombreux soient-ils, ces éléments apportent plus de cohérence et de consistance à un scénario qui n’en manque pourtant pas, le post-11/09, apparenté à la bataille de New York (Avengers) ici, se trouve être l’élément déclencheur de l’intrigue d’une certaine façon.
L’intrigue est l’une des grandes forces du film de Joe et Anthony Russo. Après un Iron-Man 3 et un Thor – The Dark World jouissifs, sans plus, l’arrivée de complots, d’espionnage, de trahisons et de récit tortueux est la bienvenue. Et bien que certaines révélations étaient prévisibles, étant donné le support depuis lequel le film est adapté, The Winter Soldier ne manque pas pour autant d’apporter de très bonnes surprises et des rebondissements grandioses.
Au final, le scénario est maîtrisé de bout en bout et pousse parfois à réfléchir sur le monde d’aujourd’hui, avec des enjeux d’une ampleur non seulement très importante mais aussi très réaliste sur les bords.
Et sinon, ça Boom Boom un peu?
Il n’y a bien évidemment rien a redire sur ce point, Marvel Studios s’étant imposé depuis quelques années dans un domaine visuel des plus aboutis ces dernières années, donnant lieu à des scènes d’action frôlant la perfection. Mais ce n’est pas tout, les chorégraphies durant les combats sont d’une intensité et d’une maitrise rarement vue. Que ce soit le premier combat sur le Lemurian Star, ou bien les combats avec le Winter Soldier, Chris Evans, Sebastian Stan, les cascadeurs et tout le reste du casting se sont surpassés. Le réalisme est au rendez-vous et Captain America n’aura jamais été aussi puissant.
Et ça, c’est une nouveauté. En effet, jusque là nous n’avions jamais eu de réelles preuves de la puissance du boyscout habillé en drapeau. Ici, il donne un coup et on voit que ça fait mal, c’est brutal, puissant, musclé et ça fait rudement plaisir de voir le personnage sortir de son cocon de gentil patriote. D’autant plus que l’acteur a pratiquement réalisé toutes ses cascades et que les images de synthèse sont très peu présentes.
Si Batman n’apparaît pas, le film n’en vaut pas la peine.
Steve Rogers, Captain America, Chris Evans. Un seul homme, l’homme du film. Perdu au 21ème siècle après une congélation de 70 ans, le super soldat, sans trouver sa voie ni sa place dans ce monde, reste fidèle à sa personne en essayant au mieux d’aider jusqu’à ce qu’il se rende compte qu’il est peut être au service des mauvaises personnes. Le scénario, tout en se suffisant à lui même, est d’un brio incroyable puisqu’il est aussi utile à l’évolution du personnage, sa prise de conscience quant aux changements apportés au monde, changements qui finissent par déteindre sur lui. L’adaptation n’est pas aussi rapide qu’elle n’en a l’air dans Avengers. Chris Evans joue à la perfection cet homme hors du temps et même s’il risque d’abandonner son rôle dans les prochaines années, il nous aura servi l’une de ses plus belles prestations.
Contrairement à une Scarlett Johannsson qui semble donner une nouvelle dimension à son personnage de film en film. Le reste du casting est correct, voire très bon, entre Sharon Carter, Maria Hill, chacun a son moment, chacun a sa minute de gloire et personne n’est laissée de côté. Robert Redford se démarque pour une fois avec un rôle assez original et drôle et Samuel L. Jackson a droit à l’une des meilleurs scènes de poursuite en voiture de ces dernières années, en plus d’une très belle référence à son rôle dans Pulp Fiction à un moment du film. Oh et que dire de Anthony Mackie dans le rôle de Sam Wilson, le premier ami de Steve Rogers, le personnage le plus attachant et le plus humain du film qui apporte une certaine légèreté au sérieux ambiant.
Voir le film c’est bien. Faire le lien avec les autres, c’est mieux.
Et comme ça devient une habitude (et pas que ici), Captain America – The Winter Soldier ne déroge pas à la règle du fan service à profusion. Sans spoilers, le film fait non seulement librement référence aux autres films Marvel avec de réelles répercussions sur le scénario, mais rend aussi hommage à l’univers des comics avec une subtilité folle. Des éléments de plusieurs arcs scénaristiques des comics sont mis en avant, que ce soit à un moment précis où en faisant le lien avec plusieurs parties du scénario. Le Winter Soldier quant à lui, est quelque peu mal introduit. On n’a pas droit à ses origines, ni à sa psyché, juste une brute qui exécute les ordres. Des moments forts émotionnellement sont toutefois au rendez-vous quand il rencontre Cap.
Et que dire des scènes durant et après le générique. Si celle qui vient après ne fait que clôturer le film et prédire des choses pour l’avenir, la première introduit non pas un, non pas deux, mais trois nouveaux personnages très connus dans les comics. Ces trois personnages auront bien évidemment un rôle primordial à jouer dans Avengers – Age of Ultron et la promesse d’une nouvelle ère est faite.
Quelque chose à rajouter?
En vrac, l’humour est pour une fois bien géré dans un film Marvel, pas d’overdose et pas de cassure dans le rythme du film, mais ça ne veut pas dire que ce n’est pas drôle, certains moments peuvent être tordants. Le film apportera de grandes répercussions sur l’univers Marvel, des répercussions allant des films jusqu’à la série Agents of SHIELD, qui risque d’être la plus touchée par la fin. La bande originale quant à elle, d’Henry Jackman, peut décevoir. Elle reste toutefois correcte et assez rythmée avec quelques moments forts mais sans plus, un accompagnement plus qu’autre chose.
Plusieurs références au premier film et à Avengers sont faites, les noms de Tony Stark et Bruce Banner sont cités plusieurs fois dans le film et même celui d’un futur Avenger dont on taira le nom. Le film apporte en outre plusieurs éclaircissements sur l’organisation du SHIELD, même plus que la série Agents of SHIELD, qui est censée nous familiariser avec l’organisation de renseignement gouvernementale, c’est dire !
Il me serait très facile de continuer à parler de ce film pendant des heures tant il présente un cas d’étude aussi passionnant qu’un chef d’œuvre du 7e art (chose qu’il n’est pas). Il faudra seulement retenir la réussite du film dans son contexte politique/super héroïque en dénotant une prise de sérieux assumée au maximum, un personnage principal adapté et déphasé de la plus belle des manières et enfin des liens et des conséquences sur l’univers Marvel qui pourraient s’étendre sur des années.
Pour en finir, Captain America – The Winter Soldier est une nouveauté, une réussite. Et pour le genre super-héroïque, c’est très rare. Il ne rejoint pas la catégorie The Dark Knight ou Spider-Man 2, mais dépasse de loin Iron-Man et X-Men First Class. Un film maîtrisé avec un scénario à suivre de près au risque de perdre le fil (ce qui est rare encore une fois), tout en restant fidèle au genre explosif, drôle et divertissant.
GIPHY App Key not set. Please check settings