Ah, comme True Detective, Hannibal et autres Breaking Bad nous manquent ! Brillants de leur absence, on a du mal à leur trouver un pendant en cette période estivale plutôt vide. Mais c’était sans compter le nouveau bijou d’HBO, The Night of, qui sort un peu de nulle part pour présenter un synopsis cliché qu’on doit avant tout voir pour en comprendre toute les subtilités.
The Night of est l’histoire d’un jeune musulman pakistanais vivant à Manhattan et faisant les frais d’une expérience qui changera sa vie. Se retrouvant un soir avec une jeune dame qui l’emmène chez elle, Nazir se retrouve vite dans une situation des plus traumatisantes : la fille morte, toute les preuves contre lui et un futur face-à-face avec toutes sortes de préjugés contre sa race et sa religion.
Le plus choquant de prime abord est évidemment cette façon qu’ont eu les scénaristes de nous montrer la psychologie du personnage dans ses profondeurs, à travers des habitudes, des dialogues et un cercle social renforçant cette idée qu’on a affaire à un middle man. L’identification se fait donc aisément et ce, principalement pour un public musulman. On a vite fait de croire en l’innocence du jeune homme, heureusement pour l’histoire, ce n’est pas aussi facile.
La prouesse de la série est avant tout sa critique du système judiciaire, un tacle très peu subtil à toutes sortes d’éléments politiques et/ou judiciaires qui renforcent cette persécution raciale qui plane sur le show. Sans en être le propos principal, cet élément est là pour donner plus de densité au scénario cliché dont on parlait plus haut. On se prend d’empathie pour un jeune homme que tous semblent pointer du doigt comme étant un criminel, l’idée étant renforcée par les médias toujours en proie à des préjugés faciles et rabaissants. La série ne s’arrête pas là et va jusqu’à nous faire douter de nos appréciations, au même titre que les personnages de la série eux-mêmes d’ailleurs.
Il est d’ailleurs étonnant de voir un revirement aussi radical dans les premiers épisodes et tout cela pour jouer avec le téléspectateur et lui faire vivre une expérience, sans pour autant investir un effort intellectuel dans le plot. La palette de personnages secondaires apporte quant à elle une réelle fraîcheur dans une ambiance pesante voire oppressante, notamment l’avocat désabusé et crade, joué par un John Turturro délicieux, qui arrive à apporter un peu de légèreté à travers des problèmes personnels d’une importance passable, qui accordent une importance au propos principal, de part une analogie bien joliment construite. La situation du personnage représente aussi un nouveau tacle et une comparaison notable entre deux classes sociales d’un même milieu professionnel.
The Night of se permet certains écarts par moments pour développer son thème, en faisant intervenir des éléments pas très recommandables pour un jeune public, mais avec HBO on pouvait s’y attendre. Ainsi, les péripéties de Nazir en prison, les propos dégueulasses des médias, les décisions personnelles de certains personnages et tant d’autres sujets peuvent quelques fois être gênants, dans le sens où on ressent une certaine intrusion intime dans des éléments plus ou moins tabous, une intrusion qui pourtant est pleinement voulue par le scénario exposé.
Bien évidemment, on évite de spoiler au possible dans cet article, la série devant être conclue la semaine prochaine. Mais comme souvent, la série d’HBO se présente comme la vraie pépite de cette année à travers son traitement de sujets d’actualité et sa proximité à des personnages attachants et humains. Il s’agit de ce genre de séries où l’on ne veut même plus connaître la fin, simplement suivre le développement de ses personnages et voir où cela mènera.
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