Loin du portrait-robot du comic boy, je souhaitais évoquer aujourd’hui en ces colonnes, à l’occasion de ce second édito, la culture en Algérie et son évolution, à travers la montée en puissance des activités culturelles ces derniers temps, vue de l’œil d’un rédacteur et citoyen comme un autre.
L’idée traînant le plus souvent dans l’inconscient des Algériens quand on évoque la culture reste l’absence de prestations. “Il n’y a rien à faire ici, rien à voir” sera l’une des phrases les plus souvent prononcées par nos compatriotes, la faute à un manque de différenciation entre pseudo rareté de l’offre et mauvaise communication.
Comme dit en préambule, je parlerai de constats personnels et pour être tout à fait franc, le catalyseur à cela a été l’arrivée dernièrement de projections de films (Star Wars, BvS, Kung Fu Panda 3…) sortis au même moment- avant dans certains cas-, que dans le reste du monde qui me pousse à en parler. Mais pour éviter une naïveté malvenue, il s’agit surtout d’une appréciation de ce qui se fait de mieux en Algérie en ce moment.
Les nombreuses associations, parfois présentes depuis deux décennies, s’activent à proposer une offre diverse. De ce fait, on assiste à une réelle homogénéisation dans les vulgarisations culturelles. Une diversité et une ambition avérée qui contribuent à rendre la culture plus accessible et ce, selon les goûts de chacun. Cinéma, art, littérature, expositions, musique et toutes ses dérivées, tout y passe pour peu que l’on soit au courant, et que l’on veuille contribuer à l’essor de la culture. Car oui, le secteur privé tout comme celui public, fait tout pour améliorer la qualité culturelle mais le rôle des intervenants, donc vous, est aussi important que le leur. Il est impératif pour chacun d’encourager ces activités ; les bienfaits dépassent de loin l’idée de base puisqu’il s’agit de divertissement avant tout, mais aussi de rayonnement culturel et sociétal à long terme.
Des activités qui ne se limitent d’ailleurs plus à la capitale, l’ensemble des villes et wilayas ayant accepté que l’accès à la culture passait aussi par un accès à l’information. Longtemps, des plaintes se sont faites entendre à l’intérieur du pays vis-à-vis d’un manque de considération avéré en comparaison à “l‘effervescence” d’Alger. Les prestataires privés, les associations et les pouvoirs publics investissent peu à peu les lieux et sortent certains de leur torpeur, bien qu’un long travail reste à faire pour que nulle ville algérienne ne soit délaissée.
Au-delà des événements, la néo-industrie cinématographique algérienne connaît également un boom, avec la production d’une dizaine de longs-métrages, courts-métrages et de films d’animation chaque année. La promotion de ces derniers est d’ailleurs à la charge depuis un an d’une institution entièrement dédiée à elle : Le Centre Algérien de développement du cinéma. De son coté, la musique connaît une professionnalisation accrue avec une nouvelle scène, qui enchaîne clips, albums et tournées, grâce à une utilisation maîtrisée des nouvelles plateformes, réseaux sociaux en tête.
Si les prémices de ce boom culturel remontent à 5 ans déjà, les mauvaises langues parleront d’effet de mode, tandis que les plus optimistes feront simplement en sorte que cela fonctionne du mieux que possible. L’idée est donc d’encourager cette “mode“. Souvent initiés par des étudiants et des groupes qui ont besoin de constater la différence, de voir que leurs idées et efforts donnent un résultat pour ensuite les améliorer et donc améliorer les expériences offertes au public, les initiatives ont plus que jamais besoin d’être encouragées.
Dans ce giron, la décision du Ministre de la Culture, Azzedine Mihoubi, limitant le nombre de festivals en Algérie et adoptant le système de billetterie, pourrait même être bénéfique dans la mesure où la qualité suivra. Il s’agit avant tout de régularisation et de structuration qui pourrait en effet aller à contre-courant de l’avis populaire. Néanmoins, l’ambition est là et c’est à chaque membre de ce corps que nous la devons, bénéfique ou non, il faudra attendre et voir.
En résumé, l’espoir de voir un essor culturel à priori en croissance en Algérie nous renvoie forcément à penser qu’il y a des éléments qui s’améliorent et qui font en sorte que d’autres suivent. Le chemin reste long mais une chose est certaine : on avance !
Cet article a été rédigé avec la participation de Yasmine Bouchène, rédactrice en chef.
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