La cérémonie de clôture du festival avait lieu avant-hier, et se terminait avec la reprojection au public de Cesare deve morire (César doit mourir), des frères Taviani.
Paolo et Vittorio Taviani se sont vus remettre l’Ours d’Or du meilleur film des mains de Mike Leigh qui présidait le jury cette année.
César doit mourir raconte la manière dont les détenus d’une prison de haute sécurité dans la région de Rome montent la célèbre pièce de Shakespeare: Jules César. Fait intéressant: les comédiens sont tous de réels détenus (membres de la mafia) qui avaient dès le début du casting la possibilité de se choisir une identité fictive, de s’inventer un nom. “Mais ils ont tous refusé”, précisera Paolo Taviani. Qui continue dans un entretien diffusé dans Square: “‘Non, on préfère donner notre nom et celui de notre père’ et ils nous ont expliqué: ‘ce film sera diffusé en Italie et dans le monde entier, et ceux qui nous ont oubliés se souviendront de nous. Se souviendront que nous sommes là, au calme et que nous sommes en vie. Et gare à ceux qui nous oublieront!'”.
On notera la contestation de nombreux critiques, qui jugèrent ce palmarès trop “consensuel”, trop “prudent”. Les films primés “faibles” comparés à d’autres dans cette même sélection. Cette 62e édition de la Berlinale s’est voulue d’un ton socio-politique marqué. On le retrouve d’ailleurs dans la suite du palmarès.
Le film A Royal Affair, qui relate l’irruption des pensées politiques progressistes au Danemark du IVIIIe siècle, rafle deux prix: celui du meilleur acteur (Mikkel Boe Folsgaard) ainsi que celui du meilleur scénario (Rasmus Heisterberg).
Le prix du meilleur réalisateur revient quant à lui à l’allemand Christian Petzold, pour son film Barbara. Pretzold, qui n’en est pas à sa première participation primée, revient cette année avec une fiction qui nous plonge dans l’histoire d’une résistante au régime, en ex-Allemagne de l’est (RDA). Un Ours d’Argent mérité, surtout pour avoir réussi à revenir, sans ennuyer, sur un sujet souvent traité au cinéma. Le prix est d’autant plus symbolique que la cérémonie se passe à quelques centaines de mètres seulement de ce qui fut le “mur de Berlin”.
Rachel Mwanza, repart avec un ours d’argent pour sa performance d’actrice dans Rebelle, du réalisateur canadien Kim Nguyen. L’histoire du film, qui met en scène la vie de jeunes recrue dans les camps de rebelles en Afrique subsaharienne a été travaillée pendant près de dix ans. Nguyen tenait à la nourrir de faits réels et à travailler au mieux la forme et l’approche. Il sera le deuxième de cette sélection à avoir fait appel à des acteurs non-professionnels. Rachel Mwanza vivait à la rue avant ce film…
Le grand prix du jury à été attribué au film Just The Wind, de Bence Fliegauf. Un film militant, dénonciateur. C’est dans des circonstances réelles que Fliegauf met en scène le quotidien chargé en peur, en menace, en oppression d’une famille tsigane tentant de quitter la Hongrie où leur communauté est traquée par les milices d’une population hongroise sans ressources, jugeant cette communauté comme étant sur-assistée. Pour plonger le spectateur dans cette ambiance oppressante, le réalisateur tournera son film en été, avec des images fort éloquentes des conditions de vie des Roms dans cette partie d’Europe. Il jouera aussi de la distance ne dépassant pas les quelques centimètres entre la camera et le visage des personnages, pour communiquer cette sensation de piège, de menace permanente. Une réalité pour des milliers de personnes aujourd’hui.
Tabu, de Miguel Gomes remporte le prix Alfred Bauer (dédié à la recherche et l’innovation au cinéma) après avoir plus tôt dans la même journée, reçu le prix de la critique internationale. Ce mélodrame tourné en noir et blanc, raconte l’histoire d’une fille de riches colons africains. Un voyage entre présent et souvenirs, bercé par une voix mélancolique.
Une mention spéciale du jury pour Ursula Meier avec son film l’Enfant d’en Haut. Un plongeon dans l’enfance. Une enfance démunie, au pied des montagnes suisses. Celle de Simon, un Robin des bois des temps modernes qui vole le matériel des skieurs d’une station voisine pour les revendre. Ainsi, il subvient à ses besoins et ceux de sa sœur ainée, Louise.
Pour finir, une contribution artistique exceptionnelle avec White Deer Plain, une production chinoise réalisée par Wang Qua’an. Ce film historique basé sur le best-seller de Chen Zhongshi, fut longtemps mis à l’index à cause de certains passages jugés trop érotiques. Il relate l’histoire de paysans perpétuellement obligés de se battre pour leur vie, dans cette plaine, témoin des différents bouleversements politiques et turbulences sociales qu’a subit l’Empire du Milieu, au delà des époques.
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