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Et le cinéma super héroïque régna (Partie 2)

Dans la première partie de cette article, une introduction complète sur le super héros au cinéma a été faite. Ici, le Super héros au cinéma dévoilera une autre face puisqu’il ne se résume pas qu’à de la baston et de la 3D à profusion, il s’agit aussi d’un sujet à traiter, dont la complexité va bien plus loin que ce qu’il n’y parait, on parle dans ce cas de “genre”, mais pas que.

L’importance du genre

En premier lieu, les super héros ont toujours été le moyen médiatique pour redonner espoir au peuple américain, avec ses valeurs et son patriotisme constants, les comics ont vu monter leur valeur durant deux périodes déterminantes pour les USA, la Seconde Guerre Mondiale et la Guerre Froide. Pour rester dans l’ère du temps, l’essor du genre au 7ème art correspond à une autre crise de la société américaine: Les attentats du 11 septembre 2001 et l’entrée dans le réel avec l’imaginaire et le cauchemar comme outils, un traumatisme qui a vu naître le genre super héroïque et qui lui a donné plus de sens, et si ça ne plaît pas à certains, il faut se rappeler que les super héros ont toujours été et sont l’image parfaite de la domination mainstream du pro-américanisme. Ce caractère a d’ailleurs induit le rejet de ces films par d’autres sociétés, un élément qui finit par changer au fil des années toutefois, suite au succès planétaire et l’apparition de la complexité et de la richesse du genre.

Le terme “genre” n’est d’ailleurs pas officiellement attribué puisqu’on parle du “genre super héroïque” à défaut de trouver un terme adéquat. Toutefois le besoin de l’homme de croire en quelque chose dépasse la simplicité de l’esprit qui devrait accepter le mal qui l’entoure. Il devient donc “normal” d’utiliser l’imaginaire pour se sortir de situations contraignantes puisque le genre bénéficie d’une forte puissance allégorique. Depuis ses débuts, il brode sur une réalité sociale et politique qui est celle de son lectorat. Et dans une société qui a perdu le sens du sacré, ces personnages représentent une manne pour l’imagination. Tout comme la littérature apocalyptique s’inspire de la peur religieuse de la fin du monde et s’appuie sur les mêmes ressorts psychologiques, le genre des super-héros, qui porte sur le salut, profite de l’attraction naturelle de l’homme pour ce qui le sauve pour promouvoir un genre de fictions.

L’attrait du public vient aussi d’un autre point non des moindres, le fait que le “genre” ne soit pas monolithique et qu’il ne s’arrête donc pas à un seul style de cinéma, tout y passe: science-fiction, drama, thriller et même péplum dans le cas Superman.  Il représente l’impérialisme culturel et s’approprie toutes formes culturelles tout en y insufflant des notions nouvelles, des notions encourageantes et valeureuses qui représentent un héritage, l’héritage de toute forme culturelle ou divine qui a eu raison du libre arbitre humain. Si l’on s’approfondit autant dans ce sujet, c’est parce qu’il le mérite de part sa complexité et son importance dans la culture contemporaine.

L’impact du cinéma super héroïque sur l’industrie:

Il y a environs dix ans, imaginer deux films super héroïques par an relevait du fantasme, aujourd’hui, on peut espérer au moins quatre films par an et ce n’est que le début. Mais si les super héros dominent le cinéma d’aujourd’hui, c’est au détriment de leurs itérations en comics. En effet, les comics sont de plus en plus influencés par leurs adaptations cinématographiques ou télévisuelles, et si ce serait le contraire qu’on attendait, une adaptation fidèle du comic à l’écran, on se retrouve avec des éléments de films dans nos pages.A première vue, il n y a rien de dramatique, seulement quand on se rend compte que certains personnages inédits dans les films font leur apparition dans les comics de façon aussi maladroite, on crie au scandale.

Nick Fury pour exemple est, dans les comics classiques, blanc de peau et a des cheveux. Et pour coller à l’univers du cinéma dans lequel il est interprété par Sam Jackson et est noir de peau, on nous fait gober l’histoire selon laquelle Fury, le blanc, aurait eu un fils caché qui a le même bandeau à l’oeil et se ferait appeler Nick Fury Jr. Oui, c’est moche et n’a aucun sens, tout comme l’introduction de Phil Coulson ou les nombreux changements de costumes pour mieux coller à l’univers du cinéma.

Tous ces éléments sont bien évidemment nécessaires pour Marvel ou DC qui voient leurs revenus augmenter par mille puisqu’une personne ayant été attirée par le film de son héros préféré voudra prolonger son plaisir et lire un comics du héros en question, et dans cette optique, cette personne voudra retrouver le même personnage dans ses lectures. file_187461_0_battlescars6658 D’un autre côté, ce n’est pas toujours vrai dans le sens contraire. En effet, s’il aurait été plus logique pour les films de s’inspirer de l’écrit plutôt que le contraire, on se retrouve à certains moments avec des adaptations extrêmement éloignées de leur support de base. Toutefois cet élément tend à se stabiliser ces dernières années avec des adaptations qui font dans le plus fidèle possible afin d’attirer aussi le lectorat qui n’est pas toujours le public appréciant le mieux le genre, ces filous n’aiment naturellement pas voir leurs personnages massacrés à tort et à travers.

Qualité et négativité:

Le super héros n’apporte pas uniquement en bien sa touche au cinéma, puisqu’au travers de ces dix dernières années, le super héros n’aura pas été toujours bon dans ses longues pellicules. Si les beautés visuelles et les moments forts deviennent difficile à énumérer tant ils sont légion, il faudra aussi citer le gâchis et le massacre au 7ème art que représentent certains films sur les Super. Ce style s’approprie le numérique, l’utilise comme matière première, et se permet donc de négliger d’autres éléments nécessaires au bon visionnage d’un long métrage. Les exemples à citer sont nombreux tels Fantastic Four, Ghost Rider, X-Men Origins: Wolverine, Green Lantern, Spider-Man 3 qui se sont non seulement reposés sur leurs lauriers après le succès quelconque des films les précédant mais qui se permettaient en plus de se prétendre plus imposants qu’ils ne le sont réellement.

Cet aspect, comme tant d’autres, influence de façon drastique le cinéma d’aujourd’hui qui finit par évaluer l’intérêt du public par le nombre de billets accumulés. Les chiffres de production pharaonique dépassant l’imaginaire et les sous engendrés shuntant l’esprit, une forme d’art pareille finit par définir son succès que par l’aspect financier. Ces films représentent pourtant le cinéma du 21ème siècle, de part sa grandeur mais aussi son exploitation du numérique qui atteint des sommets, l’imaginaire devient réel tout comme la science fiction prend forme dans un univers proche du notre mais seulement poussant les limites scientifiques pour contribuer au réalisme. Si ces films tendaient à disparaitre, et c’est un risque à considérer pour les vingt prochaines années, l’industrie cinématographique subirait des conséquences profondes dans ses revenus, s’ils ne disparaissent pas toutefois, il faudra au moins espérer qu’ils soient bons.

Autre point à relever: la transposition des héroïnes des pages à l’écran. Les super héroïnes dans les comics font face à une crise permanente de surexposition sexuelle qui les relègue au plan de faire-valoir, pire, d’aimant à lecteur. Dans les films, la situation est quelque peu différente puisque dans le début des années 2000, Elektra ou Catwoman ont eu droit à des adaptations, Wonder Woman était même la vedette d’une série TV dans les années 70. Avec son arrivée prochaine dans Batman v Superman – Dawn of Justice et l’importance grandissante de Black Widow chez Marvel ainsi que l’idée d’introduire Ms Marvel dans Avengers 2, l’idée d’utiliser la femme comme outil pourrait bien être réutilisée, ce qui aura non seulement une échelle plus grande que sur papier, et donc un effet à retardement très handicapant à long terme pour le genre, mais contribuera encore plus à l’instrumentalisation du-dit genre. Pourtant, la super héroïne pourrait être utilisée de mille et une façons plus intelligentes, d’autant plus qu’à un moment, on finit par se lasser de toujours voir des pectoraux et des abdominaux à profusion.

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Extension et parodies:

Le film super héroïque ne s’arrête pas qu’à ses principaux représentants, des auteurs indépendants peuvent aussi parfois s’inspirer du thème du Super et en faire une œuvre à part entière qui reprend les codes des Supers tout en y insufflant une touche personnelle. Plusieurs exemples peuvent être cités comme les films d’animation Les Indestructibles (2004) par Brad Bird des studios Pixar ou bien Megamind qui s’intéressait de façon approfondie à la psyché du vilain dans les œuvres super héroïques, et dans cette optique en faire une parodie auto-dérisoire. Mais le meilleur exemple reste Incassable de M. Night Shyamalan, sorti en 2000 avec Samuel L. Jackson et Bruce Willis.

Incassable n’est pas l’histoire d’un super héros contre un super vilain, ou presque. Le réalisateur de Sixième Sens y mettait en scène une image métaphorique du sujet super héroïque dans un contexte plus humble et plus réaliste. Point de super pouvoirs ni de combats palpitants, seulement le développement du sujet d’une manière moins conventionnelle et donc nettement plus originale. Le film pourrait même s’apparenter à un documentaire sur le super héros par moments.Autre exemple moins connu, Super de James Gunn, ou bien Kick-Ass de Matthew Vaughn qui sont tout deux des longs métrages mettant en scène des personnes normales décidant de devenir des super héros. Et si dans le cas de Kick-Ass le fantasme se mêlait au réel sans qu’on ne s’en rend compte, Super se suffit à lui même dans son intrigue déjantée et défouloir propre au style du réalisateur à qui l’on doit Guardians of the Galaxy.

Dans un autre registre moins humoristique, Watchmen pourrait aussi être cité puisqu’il reprend toujours la culture du Super dans un contexte immensément plus adulte et mature. Les enjeux sont multipliés par mille tout comme le style narratif et cinématographique. Mais si certaines œuvres naissent d’esprit du cinéma, d’autres ne sont que de parfaites adaptations de leur pendant des comics, ce qui en fait au final de bons films. Marvel Studios doit d’ailleurs son succès en partie à ses films fidèles aux comics.

Top 10 + Trilogie Dark Knight:

Parce qu’il était temps qu’on s’y attelle, et parce que c’est plus pratique de mettre ça ici plutôt que dans un article dédié, nous vous présentons donc le top 10 des meilleurs films de super héros depuis la création officielle du genre avec Superman (1978).

Vous aurez sûrement remarqué l’absence de la trilogie Dark Knight dans ce top 10, et c’est d’ailleurs cet élément qui m’a poussé à faire ce top 10, pour aborder la question Dark Knight. Alors oui, le film de Christopher Nolan est une réussite tant au niveau de la narration que de l’interprétation du mythe qui est revisité de façon intelligente et réaliste, du grand cinéma en somme avec des personnages d’une profondeur folle, des enjeux et des thèmes très travaillés. Mais est-ce que le film est pour autant un bon film de super héros? Pour beaucoup, The Dark Knight représentait le summum du genre super héroïque, mais jusqu’à preuve du contraire, Christian Bale joue un bon Bruce Wayne au détriment d’un bon Batman, et l’on n’assiste pas réellement à l’adaptation d’un comics mais plus d’un grand film mêlant le genre réaliste au réaliste, car oui ! Ça ne va jamais plus loin. the_dark_knight_rises_trilogy_posters Bien évidemment, le réalisateur Britannique et son scénariste à la renommée mondiale David S. Goyer ont puisé dans les plus grandes histoires de Batman pour donner leur propre vision du personnage, mais c’est tellement éloigné de l’original que c’en est affligeant. On ne remet pas en cause ici les qualités purement cinématographiques du film qui sont tout simplement bluffantes, mais plus le fait que la trilogie se prend pour une adaptation, alors que ce n’en est pas une. C’est le style DC qui veut ça, éloigner ses personnages de leur aspect ringard en en faisant quelque chose de différent. Oh mais quoi qu’il en soit, le Joker rox du poney hein !

Pour clôturer le sujet, le Super au cinéma est un univers vaste qui s’élargit de jour en jour et puise sa puissance dans les différents genres cinématographiques, est-il dénué de personnalité pour autant? Non. Les thèmes introduits dans ce genre de films ont une portée beaucoup plus conséquente que l’aspect commercial qui en découle, et même si ce n’est pas voulu par l’industrie cinématographique elle-même, ceux qui sont à l’origine de cette nouvelle mode font tout pour améliorer le genre tout en essayant d’apporter une touche nouvelle à chaque fois.

Écrit par vinyculture

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