in

Edito : L’austérité aura-t-elle la peau de la culture ?

C’est avec une grande émotion que ces lignes sont écrites. En effet, l’appel lancé par nos soins l’an dernier n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd. Souvenez-vous, nous reprochions le fait que les événements culturels se déroulaient, quasi exclusivement, durant le mois sacré de Ramadan.

Nous avons demandé donc à ce que ce mois ne soit plus une simple exception. Malheureusement, si vous relisez la phrase ci-dessus et que vous supprimez le mot « simple », la phrase prend une toute autre tournure. Et c’est à priori ce qui a été compris. Eh oui, en plus de la suppression d’une centaine de festivals culturels à travers le pays (austérité oblige, disent-ils), une quarantaine d’événements culturels privés ont également disparus de la liste , qu’ils se déroulent peu avant ou lors du mois sacré.

Du coup, le message est semble-t-il bien passé, le Ramadan ne sera plus une exception. Mais au lieu que les onze autres mois de l’année y ressemblent, ce mois ressemblera aux autres. Il est vrai que la culture ne se résume pas aux festivals, aux “khaymates” et aux sorties nocturnes, néanmoins, il n’y a pas mieux pour la vulgariser. La rendre accessible.

Notre pays dispose d’une diversité culturelle incroyable mais très mal et très peu (voire pas du tout) exploitée. Un peuple épanoui peut servir son pays. Un peuple frustré ne voudra que le fuir. Et c’est exactement ce qui se passe.

culture-algérie

Le jeune, aujourd’hui, cherche à fuir la morosité et la monotonie de son quotidien en quête d’un nouvel air et de nouveaux horizons, et l’on ne peut décemment le lui reprocher. À quoi bon demander au peuple de s’unir et d’affronter l’adversité si ce peuple n’a pas où se divertir ? Même durant la décennie noire, la société civile s’était battue pour maintenir la culture intacte*, puisqu’elle est au cœur de tout.

Le meilleur moyen pour combattre l’austérité n’est pas de tuer la culture, mais au contraire, de la mettre en avant, d’en faire une force. L’idée est de donner au peuple l’envie d’améliorer ce pays, lui montrer les richesses patrimoniales et le laisser, dans un second temps créer les richesses matérielles.

culture-algérie-perdition
Crédits photo : Oran, mai 2014. Performance par l’artiste Sophie Anou

Si nous venons à sacrifier le secteur de la culture, nous ne ferons que renforcer cette idée que le peuple n’est bon que pour consommer, mais jamais intelligemment. Encore une fois, ne vous méprenez pas, nous ne disons pas que la “kheima de dar khali moh” vous permettra de faire travailler vos neurones, mais des expositions, des projections de films, des rencontres littéraires devraient pouvoir vous aider à réfléchir, remettre en question votre environnement et avancer.

Alors, cher État, chers annonceurs qui préférez mettre votre argent dans le foot, pensez-y à deux fois avant de vouloir sacrifier la culture, car beaucoup continueront à se battre pour elle.

À bon entendeur !

* : La filmathèque Zinet organisait des soirées de projections marathon qui se finissaient au petit matin pour éviter le couvre-feu, pour exemple.

Écrit par vinyculture

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

GIPHY App Key not set. Please check settings

bourse-aux-livres-alger

Bourse aux livres le 28 mai 2016 à Alger

rome-exposition-alger

Alger- “Regard eternel sur Rome” du 28 mai au 11 juin